A l’UMP, le 3ème homme est une femme : NKM !

Hervé Gattegno - -
C’est déjà (presque) une évidence. NKM est une femme fluette mais elle compte déjà parmi les poids lourds de la droite. Elle a été une ministre importante, députée réélue dans l’épreuve, porte-parole de Nicolas Sarkozy. Il a suffi qu’elle manifeste son intérêt pour Paris pour faire tout de suite figure de favorite – en tout cas dans son camp : à Paris, l’UMP n’a ni vigueur ni leader. Elle dit qu’elle s’effacera si François Fillon veut être candidat. Mais justement, NKM a aussi une qualité que François Fillon n’a pas : elle n’a pas peur de prendre des risques. Il faut donc d’ores et déjà considérer sa candidature comme hautement probable.
Si vous la qualifiez de « 3ème homme », c’est que vous lui prêtez plus qu’une ambition municipale. Vous la voyez déjà en présidentiable ?
Elle n’est pas encore dans le club – mais depuis la crise interne, le club des présidentiables de l’UMP ne compte plus qu’un membre : Nicolas Sarkozy. NKM a à la fois une réputation de compétence et une image d’ouverture. Elle est sortie à peu près indemne de la présidentielle (elle avait pris ses distances avec la « ligne droitière ») et plutôt renforcée de la bataille pour l’UMP – elle n’a pas pu réunir les parrainages, mais elle bien géré la période qui a suivi le vote, s’est tenue à distance de Copé et de Fillon. Cela dit, elle a de l’audace mais il lui manque de l’audience… C’est ce qu’elle vient chercher à Paris.
Les municipales à Paris, c’est un tremplin dangereux : une défaite ne la mettrait-elle pas hors jeu pour 2017 – si c’est bien son objectif ?
Elle n’a pas grand-chose à perdre. Tous les chefs de l’UMP pensent que la mairie est gagnable en 2014 : Bertrand Delanoë ne sera plus là, Anne Hidalgo est une moins bonne candidate et l’usure du pouvoir jouera contre le PS. Donc l’UMP a une chance mais pas de chef – la meilleure preuve, c’est que beaucoup sont prêts à soutenir Jean-Louis Borloo… NKM, elle, a un profil assez adapté à la sociologie de la capitale : grande bourgeoise et écologiste, intellectuelle et femme d’autorité – et être une femme, justement, est un atout qui va compter. Si elle gagne Paris, il va de soi qu’elle fera d’autres... paris. Et si elle ne prend pas la capitale, elle devra prendre… son temps ! Elle n’a que 40 ans…
La première étape, ce sera quand-même les primaires à Paris. Vous pensez que personne ne peut la battre – pas même Jean-Louis Borloo, justement ?
Rien n’est écrit. Si NKM réclame des primaires ouvertes, c’est bien parce que là aussi, elle mise sur la pusillanimité de Jean-Louis Borloo, et qu’elle voudrait l’obliger à se déclarer le plus vite possible – c’est-à-dire à renoncer. Rachida Dati peut jouer sa carte mais on ne l’imagine pas s’imposer – elle a trop d’ennemis irréductibles. Si NKM arrive en même temps à dissuader Fillon, à écarter Borloo et à mettre Copé devant le fait accompli, elle aura fait un pas décisif. Après les avoir obligés à compter sur elle, ces messieurs de l’UMP devront apprendre à compter avec elle. On leur souhaite bon courage.
Ecoutez ici le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce mercredi 30 janvier.