Y a-t-il une "augmentation des actes antichrétiens depuis le début de l'année", comme l'affirme Bruno Retailleau?

Une croix sur une église catholique américaine (photo d'illustration) - KAMIL KRZACZYNSKI / AFP
Entre janvier et mai 2025, le ministère de l'Intérieur dénombre 322 actes antichrétiens, contre 284 sur la même période en 2024, soit une hausse de 13%.
Les actes jugés antimusulmans sont moins nombreux - 145 - sur cette même période, mais en hausse de 75% par rapport à l'année dernière. La religion la plus souvent visée est la religion juive: 504 actes antisémites ont été recensés sur les cinq premiers mois de l'année. Un chiffre néanmoins en légère baisse par rapport à l'année dernière (- 24%).
À titre de comparaison, sur toute l'année 2019, le ministère comptabilisait 1.063 actes antichrétiens sur le sol français, 541 agressions antisémites et 100 actes antimusulmans.
Les attaques aux personnes largement minoritaires
"L'écrasante majorité" des actes classés comme antichrétiens sont des vols et des détériorations dans les lieux de culte. Les atteintes aux biens représentent "271 faits recensés, soit 84% de l'ensemble de actes antichrétiens", indique Beauvau.
Les vols concernent des objets du culte catholique, qui ont souvent une certaine valeur, tels que des calices et des ostensoirs en métaux précieux et dont le cours augmente continuellement. Certaines reliques sont aussi ciblées, très prisées par les collectionneurs.
Les atteintes aux personnes représentent moins de 15% des actes antichrétiens. Le ministère en dénombre 51, soit une augmentation de 96% par rapport à la même période en 2024.
Par comparaison, les actes antisémites recensés sont majoritairement des atteintes aux personnes: 323 cas sur 504 actes (64%). Les atteintes aux personnes représentent également "plus des deux tiers" des actes antimusulmans. Beauvau en dénombre 99, en augmentation de 209% par rapport à la même période en 2024.
Une christianophobie en question
Ainsi, si les tags négationnistes que l'on peut trouver sur des tombes israélites ou les têtes de cochon découpées que l'on peut retrouver devant des mosquées sont dépourvus d'ambiguïté, il est plus rare de trouver des intentions antichrétiennes derrière les détériorations visant les lieux de culte chrétiens. Le motif de la christianophobie apparaît de manière moins évidente.
"À part quelques cas de satanisme ou d'individus qui vont crier 'Allahou akbar', il s'agit beaucoup de vandalisme sans caractère antireligieux", estime une source ministérielle à BFMTV.
Des traces de rituels macabres, tels que la statue du Christ renversée ou des cierges disposés au sol en dessinant des symboles, sont parfois retrouvés. Comme à l'église Saint-Lô à Bourg Achard dans l'Eure en 2019. Il s'agit toutefois le plus souvent de fait de mineurs, ou de personnes indigentes ou alcoolisés au moment des faits.
Selon un rapport parlementaire de 2011, les adolescents représentent ainsi 63% des suspects dans ces affaires. "Lorsque des adultes sont en cause, les actes sont généralement plus graves (ouverture de tombes, excréments sur les sépultures), mais il s'agit bien souvent de personnes souffrant de troubles psychiatriques sérieux", soulignait le député Claude Bodin, auteur du rapport.
Avec 42.258 églises et chapelles sur le territoire national, contre 2 368 mosquées et 500 synagogues, les édifices de l'Église sont plus fréquemment ciblés que ceux des autres monothéismes.