Witry-lès-Reims: procès d'une explosion mortelle dans un HLM

Pompiers sur les lieux de l'explosion, un immeuble HLM de Witry-lès-Reims, dans la Marne, le 3 avril 2013. - -
C'est un procès particulièrement douloureux qui s'est ouvert ce lundi, et pour deux jours, devant le tribunal correctionnel de Reims. Deux hommes sont jugés pour l'explosion accidentelle d'un immeuble HLM à Witry-lès-Reims, dans la Marne, il y a un peu plus d'un an. Le drame avait coûté la vie à quatre personnes.
Le 3 avril 2013, dans le jour naissant, une explosion dans un appartement avait ravagé la totalité d'un immeuble. La façade avait été entièrement soufflée, des débris projetés sur une centaine de mètres, des vitrines de commerces brisées par ces projectiles. Quatre résidents, tous de la même famille, étaient morts sur le coup: un couple de 30 et 34 ans, leur enfant de 4 ans, et un oncle âgé de 50 ans qui vivait dans un autre appartement.
Le locataire et un artisan mis en cause
Le locataire de l'appartement où s'est produite la déflagration, sous curatelle, avait fait l'objet de plusieurs signalements en raison de négligeances dangereuses avec sa gazinière. Son curateur avait décidé de lui octroyer du matériel électrique.
Mais en remplaçant la gazinière par une cuisinière électrique, l'artisan avait négligé de placer un bouchon obturateur de gaz. Le 3 avril au matin, en état d'ébriété, le locataire avait ouvert la conduite. Ce qui avait provoqué l'explosion.
Le locataire et l'artisan se trouvent aujourd'hui tous deux sur le banc des prévenus. Le premier est poursuivi pour "homicides et blessures involontaires par imprudence". Mais pour son avocate, Me Christine Cordier-Dumets, "c'est lui aussi une victime". Grièvement brûlé dans l'explosion, cet homme de 51 ans était resté plusieurs semaines dans le coma.
Jusqu'à 3 ans de prison encourus
L'artisan, âgé de 54 ans, est poursuivi pour "homicides et blessures involontaires par manquement délibéré à une obligation de sécurité" concernant la conduite de gaz dans l'appartement du locataire. Comme ce dernier, il encourt jusqu'à trois ans de prison.
Dans ce procès, qui doit s'achever en fin de journée mardi, dix-huit autres locataires de l'immeuble se sont portés partie civile. Leur avocate, Me Agnès Mercier, a d'ores et déjà indiqué que ceux-ci attendaient "des condamnations", mais que "la hauteur des peines" n'était "pas une priorité".