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Police-Justice

Voiture incendiée à Paris: faute de preuves irréfutables, l'enquête est contestée

La couleur du caleçon de l'assaillant de la voiture de police est au coeur de l'enquête.

La couleur du caleçon de l'assaillant de la voiture de police est au coeur de l'enquête. - Capture BFMTV

La justice statue ce jeudi sur la remise en liberté, contestée par le parquet de Paris, de trois individus mis en examen dans l'affaire sur l'assaut de la voiture de police incendiée à Paris. L'enquête, contestée elle par la défense, repose sur le témoignage d'un policier mais aussi sur une couleur de caleçon.

Les premières arrestations avaient eu lieu quelques dizaines de minutes après les faits. Pourtant l'enquête sur l'assaut de la voiture de police à Paris s'enlise alors que cinq personnes ont été mises en examen notamment pour "tentative d'homicide" contre deux policiers. Ce jeudi, la Chambre de l'instruction du tribunal de Paris va se pencher sur les trois remises en liberté contestées par le parquet de Paris - et largement dénoncées par les policiers. Dans le même temps, le juge des libertés de la détention statue sur le sort du cinquième mis en cause, un Américain.

Le 18 mai, une dizaine d'assaillants s'en étaient pris à une patrouille de police qui circulait le long du canal Saint-Martin, dans le Xe arrondissement parisien. Les deux agents avaient pu s'extraire du véhicule avant que ce dernier ne finisse entièrement carbonisé. Rapidement, des interpellations sont réalisées. Il s'agit de deux frères, Antonin, 21 ans et Angel, 18 ans, ainsi que Bryan, 20 ans, et Leandro, 32 ans. Des opérations permises grâce aux informations d'un témoin.

Un policier comme témoin

Le "témoin anonyme" va se révéler être un policier de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP). Une information qui n'aurait pas dû être connue mais qui a été versée au dossier par erreur. Dans la procédure, l'homme témoigne sous X afin de protéger son identité mais aussi son intégrité physique qui pourrait être menacée. 

Mais pour les avocats de la défense, le statut du témoin fait planer un doute sur la neutralité et l'objectivité de ses déclarations. Les conseils ont alors déposé une requête pour faire annuler cette pièce maîtresse du dossier. "Ce qui fait la particularité stupéfiante du dossier, c'est qu'il repose sur un renseignement de police recueilli après coup", dénonçait Me Irène Terrel, avocate de l'un des mis en examen. 

"Voici un policier qui témoigne sans faire mention de sa qualité et donc de son lien de subordination avec la partie poursuivante dans une affaire où, qui plus est, ses collègues sont victimes", surenchérit-elle dans Le Parisien.

Un caleçon rose ou pourpre?

Me Irène Terrel compte bien également faire annuler une autre preuve confondante du dossier. Les images de l'attaque du véhicule des deux fonctionnaires de police, filmée par un anonyme, ont été une source d'informations pour les enquêteurs. Sur ces dernières, Antonin, soupçonné d'avoir brisé la vitre arrière avec un plot, est confondu par un détail: son caleçon. 

Selon le témoignage du policier de la DRPP, l'assaillant portait un sous-vêtement de couleur rose qui dépassait de son pantalon, affirme L'Express. Une version confirmée par l'accusation qui indique qu'au moment de son interpellation, le jeune homme de 21 ans porte un caleçon de la même couleur. Inepties, selon son avocate. Le fameux bout de tissu tendait vers la couleur pourpre, comme on le verrait sur une photo de son client prise lors de sa garde à vue. Un caleçon qu'elle est prête à présenter à la Chambre de l'instruction, précise Le Parisien.

La justice va devoir se prononcer ce jeudi sur la seule base de ces éléments, faute de preuves irréfutables à l'encontre des cinq mis en cause. L'enquête sera encore longue alors que l'homme qui a jeté le fumigène dans la voiture de police, provoquant l'incendie, n'a lui pas encore été identifié.

J.C.