Violences à Dijon: mise en examen en cours pour quatre suspects, le point sur l'enquête

Une flambée de violences a embrasé Dijon, et son quartier des Grésilles, entre vendredi et lundi dernier, lors de quatre soirées scandées par les expéditions punitives d'hommes d'origine tchétchène à l'encontre de maghrébins. Il s'agissait de représailles à l'agression d'un jeune homme par des individus présumément issus de la même communauté que les seconds. Ce samedi, le procureur de la République Eric Mathais a donné un point presse. Avant de revenir sur les événements proprement dits, il a ouvert:
"Les événements violents qu’a connus Dijon du vendredi 12 juin au soir au lundi 15 juin au soir ont frappé tous les esprits à un niveau national, voire international, mais bien évidemment en premier lieu ceux des habitants de Dijon, parce que s’il existe à Dijon des quartiers dits difficiles ce à quoi nous avons assisté était imprévisible et heureusement inhabituel."
20 victimes
Il a alors fait la lumière sur le déroulement de l'enquête. Eric Mathais a d'abord déploré que l'agression, qui aurait mis le feu aux poudres selon la communauté tchétchène, n'ait pas été rapportée à la police en temps et en heure. "Ces faits ne sont pas dénoncés à la police, il n’y a pas de plainte, donc la police ne peut pas faire son travail d’enquête et la police ne peut notamment pas rechercher et interpeller les auteurs. Ces faits d’agression initiale font désormais partie de l’enquête", a-t-il dit.
Il a ensuite établi le bilan des victimes: "Pour les faits des trois premiers jours, on déplore de nombreuses victimes, en particulier des blessés physiques, à ce jour nous identifions vingt victimes physiques identifiées dont certaines gravement blessées, je pense notamment à la victime du coup de feu, et à la victime de l’accident de voiture." "J’ai une pensée pour ce qu’elles ont subi à la fois physiquement et dans le traumatisme que de tels faits peuvent représenter. Elles auront d’ailleurs la possibilité de se constituer parties civiles dans le cadre des procédures pour faire valoir leurs droits. Une cellule médico-psychologique a été mise en œuvre", a-t-il encore remarqué.
Les découvertes des enquêteurs
L'enquête, lancée dès la nuit de vendredi à samedi dernier, a été confiée conjointement à la direction interrégionale de la police judiciaire de Dijon et à la Sûreté urbaine de la Direction départementale de la sécurité publique de Dijon. Lundi, la Direction centrale de la police judiciaire était également saisie.
Jeudi, six personnes ont été interpellées, en différents lieux, relativement aux événements. Au cours de ces arrestations, les enquêteurs n'ont retrouvé que deux armes factices de type Airsoft, une grenade lacrymogène et une barre de fer dans le coffre d'une voiture. Ils ont également découvert 12.000 et 2600 euros dans deux endroits différents. Les premières auditions ont permis de mettre hors de cause deux des suspects, qui ont été relâchés.
Quatre profils
Ce sont donc quatre hommes qui ont été déférés ce samedi matin au tribunal, en vue de leur mise en examen, réclamée par le parquet. Eric Mathais est alors entré dans le détail. Evoquant le premier de ces quatre hommes, il a décrit:
"Il s’agit d’un homme de 23 ans, de nationalité russe, ayant le statut de réfugié et qui demeure à Saint-Etienne dans la Loire. Le parquet a demandé sa mise en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans d’emprisonnement, violences aggravées par trois circonstances la présence d’armes, la réunion de plusieurs auteurs, et violences commises en raison de l’appartenance réelle ou supposée des victimes à une ethnie, une nation ou une prétendue race. Quatrième chef de mise en examen demandé : des dégradations aggravées. Et mon parquet a requis le placement en détention provisoire de cette personne."
Il a aussitôt brossé le portrait du second personnage:
"Un homme de 29 ans, de nationalité russe, ayant une carte de résident, jamais condamné et demeurant à Troyes, dans l’Aube. Le parquet a demandé sa mise en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans d’emprisonnement, participation à un groupement en vue de dégradations ou de violences, violences aggravées par trois circonstances la présence d’armes, la réunion de plusieurs auteurs, et violences commises en raison de l’appartenance réelle ou supposée des victimes à une ethnie, une nation ou une prétendue race, dégradations aggravées. Mon parquet a là aussi demandé son placement en détention provisoire."
Il a en outre évoqué un "homme de 53 ans de nationalité russe ayant le statut de réfugié, jamais condamné, demeurant à Dole, dans le Jura". "Il a été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans d’emprisonnement, participation à un groupement en vue de dégradations ou de violences. Il a été incarcéré", a poursuivi le procureur de la République. Enfin, il a désigné un "homme de 41 ans, né en Russie mais de nationalité française, jamais condamné mais sous contrôle judiciaire, habitant à Dijon." "Nous avons sollicité du juge d’instruction qu’il soit mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans d’emprisonnement, participation à un groupement en vue de dégradations ou de violences", a-t-il achevé.
La peine la plus grave encourue, suivant les chefs de mise en examen variés qui ont guidé la procédure concernant ces quatre hommes, est de dix ans de prison.
