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Police-Justice

Viol antisémite d'une adolescente à Courbevoie: le procès de trois mineurs s'ouvre ce mercredi

Le local désaffecté de Courbevoie où une jeune fille de 12 ans a été victime d'un viol et d'insultes antisémites le 15 juin 2024.

Le local désaffecté de Courbevoie où une jeune fille de 12 ans a été victime d'un viol et d'insultes antisémites le 15 juin 2024. - BFMTV

En juin 2024, une adolescente de 12 ans a été victime d'un viol collectif. Elle avait expliqué avoir été insultée de "sale juive". Le procès de trois mineurs s'ouvre ce mercredi 11 juin devant le tribunal pour enfants.

Elle n'était âgée que de 12 ans. En juin 2024, une jeune fille a été victime d'un viol collectif à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Un an plus tard, trois mineurs sont jugés à partir de ce mercredi 11 juin, à huis clos, devant le tribunal pour enfants de Nanterre, a appris BFMTV.com auprès du parquet de Nanterre, confirmant une information du Parisien.

Ils sont jugés notamment pour viol en réunion, pour deux d'entre eux et complicité de viol en réunion pour le troisième, agression sexuelle, tentative d'extorsion, violence en réunion ayant entrainé une ITT supérieure à huit jours, injure non publique, le tout aggravé à raison de la religion de la victime mineure. Des charges particulièrement lourdes.

Un guet-apens, un long supplice et des insultes antisémites

Le samedi 15 juin, la jeune fille de 12 ans avait sollicité les policiers en pleurs. Elle avait affirmé avoir été victime d'un viol collectif alors qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle après avoir passé un moment avec un ami. C'est en voulant regagner son domicile que la jeune fille avait croisé deux adolescents. Ils lui avaient barré le passage puis forcé à les suivre vers un local désaffecté où un troisième adolescent les avaient rejoints par la suite.

Parmi ses agresseurs figure son ex petit-ami, décrit par l'avocat de la jeune fille dans Le Parisien comme "le meneur ou l’organisateur de ce guet-apens". En toile de fond, un mensonge reproché à la victime par ses agresseurs: celui d'avoir dissimulé le fait d'être de religion juive.

Interrogée par les enquêteurs, la jeune fille avait raconté son long supplice. Elle avait indiqué avoir reçu des coups de la part des adolescents qui lui avaient imposé des pénétrations et une fellation, tout en lui proférant des menaces de mort et des propos antisémites. Selon son récit, l'un des adolescents lui avait posé des questions sur Israël, l'insultant notamment de "sale juive". La flamme d'un briquet avait également été allumée à proximité de sa joue. Son agression avait été en partie filmée.

Cette affaire avait provoqué une onde de choc dans le pays. De nombreuses voix s'étaient élevées dans la sphère politique après le viol de l'adolescente, dans un climat de montée des actes antisémites. Le maire de Courbevoie, Jacques Kossowski, avait réclamé une peine exemplaire contre les auteurs des faits. Gabriel Attal, alors Premier ministre, avait évoqué dans une publication sur ses réseaux sociaux sa "peine", mais aussi "l'horreur et la révolte" face à un "acte monstrueux et abject".

Le lundi 17 juin, deux jours le viol de la jeune fille, trois adolescents, âgés de 12 à 13 ans, avaient été interpellés et placés en garde à vue.

En juillet dernier, les parents de l'adolescente avaient donné des nouvelles de leur fille auprès de BFMTV. "Elle est traumatisée", avaient-ils confié.

"Elle essaie de ne pas le montrer, elle a toujours le sourire sur son visage, mais à l'intérieur, elle est meurtrie, et elle est traumatisée", avait déclaré le père de l'adolescente. "Avoir été séquestrée dans un endroit pendant une heure et demie, avoir été battue, avoir été injuriée, violée, tout cela ne peut que laisser des traces sur sa psyché. Que ça tourne dans sa tête en permanence, c'est une évidence", avait-il ajouté.

"Elle tient à être présente"

"C'est une petite qui ne va pas bien. Elle ne peut pas aller bien", avait dit Muriel Ouaknine-Melki, avocate de la famille, sur BFMTV. "Elle a cette capacité à dire les choses de manière très pertinente, de manière authentique. Elle n'est pas dans un esprit de vengeance."

Pour aider l'adolescente, la famille a décidé de déménager et de trouver un nouvel établissement scolaire. Me Oudy Bloch, avocat de la jeune fille, a affirmé auprès de nos confrères de RTL qu'elle assisterait au procès.

"Elle s'accroche et c'est aussi pour ça qu'elle tient à être présente tout au long des trois jours d'audience que durera ce procès, parce qu'elle veut avoir des réponses à ces nombreuses questions", a-t-il déclaré. "Ce sera pour elle une véritable épreuve. Mais elle est bien entourée", a-t-il poursuivi, affirmant que "si elle n'avait pas été juive, rien de tout ça ne se serait passé".

Charlotte Lesage avec AFP