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"Notre fille a vécu l'impensable": les parents de l'adolescente violée à Courbevoie dénoncent "un acte clairement antisémite"

Le local désaffecté de Courbevoie où une jeune fille de 12 ans a été victime d'un viol et d'insultes antisémites le 15 juin 2024.

Le local désaffecté de Courbevoie où une jeune fille de 12 ans a été victime d'un viol et d'insultes antisémites le 15 juin 2024. - BFMTV

Pour la première fois depuis le viol d'une jeune fille à Courbevoie, ses parents sont sortis du silence.. Ils dénoncent un antisémitisme grandissant qui s'est traduit par l'agression et le viol d'une adolescente.

Près de dix jours après le viol et l'agression violente de leur fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) par plusieurs jeunes garçons, les parents de l'adolescente s'expriment pour la première fois dans les médias. Dans les colonnes du Parisien, ils dénoncent "un acte clairement antisémite", "lié à l'importation en France du conflit israélo-palestinien".

"L’expédition punitive consistait à venir massacrer une personne parce qu’elle est juive", lance le père de la jeune fille.

Selon sa mère, un des agresseurs "n'a pas supporté le fait qu'elle ait pu lui mentir sur sa religion" et indiquer qu'elle était musulmane. "En fait, il avait appris que notre fille était juive et il en déduisait qu’elle était forcément pro-Israël et anti-palestinienne", détaille-t-elle auprès de nos confrères.

Un "antisémitisme pesant, visible, palpable"

En effet, ses parents racontent que depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas, leur fille a été victime de harcèlement scolaire et rapidement mise à l'écart en raison de sa confession. "Cela a commencé dans le courant du mois de novembre par des saluts nazis, des croix gammées sur les tables à l’école ou des blagues sur la Shoah."

Ils ont donc conseillé à leur fille de "rester prudente sur les questions liées à la religion", afin de la protéger. Sa mère suppose que c'est dans ce contexte qu'elle a indiqué à un de ses agresseurs qu'elle était musulmane.

Le couple dénonce eux aussi vivre dans un "antisémitisme pesant, visible, palpable". "Notre fille l’a vécu dans sa chair à l’école avant de subir l’impensable le 15 juin", ajoute sa mère. Ils déplorent un "amalgame (qui) s’est opéré dans une partie de l’opinion entre Israël, vu comme l’agresseur du peuple palestinien, et les Français juifs."

"Il y a selon nous un mimétisme entre les actes perpétrés par les terroristes du Hamas dans les kibboutz et ce que notre fille a subi en bas de chez nous à Courbevoie", poursuit la mère de famille.

L'adolescente "toujours très choquée"

Aujourd'hui, l'adolescente reste "très choquée", avouent ses parents, et souffre "de flash-back la nuit".

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"Elle rencontre des difficultés pour s’endormir et subit des réveils nocturnes. C’est un quotidien assez pénible", détaille son père, qui ajoute que depuis son premier témoignage auprès de la police, elle a désormais du mal à se confier sur son agression.

Sa mère tout comme son père attendent désormais que justice soit faite et qu'elle "reconnaisse comme des crimes ce que notre fille a vécu". Ils appellent également à une prise de conscience de la société française "du niveau de violence et de haine dont des enfants de 13 ans sont capables".

La jeune fille de 12 ans avait dénoncé avoir été victime d'un viol et de violences dans un local désaffecté à Courbevoie, le 15 juin dernier. Les trois jeunes agresseurs présumés ont été interpellés.

Deux adolescents de 13 ans ont été mis en examen et écroués pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite. Un troisième suspect, âgé de 12 ans, a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol et mis en examen pour les autres infractions visées par l'enquête.

Juliette Moreau Alvarez