Ce que l'on sait du viol d'une jeune fille par plusieurs adolescents à Courbevoie

Elle n'est âgée que de 12 ans. Une adolescente a été victime d'un viol collectif samedi 15 juin à Courbevoie (Hauts-de-Seine), rapportent des sources policières à BFMTV, confirmant une information du Parisien. La victime accuse trois jeunes garçons, eux aussi mineurs.
• La jeune fille entraînée de force dans un hangar
Il est 19h30 le jour des faits. Les policiers sont sollicités par une jeune fille qui était en pleurs et tremblait. Elle affirme avoir été victime d'un viol collectif.
La jeune victime explique aux policiers, qu'avec l'accord de ses parents, elle était descendue en bas de chez elle dans l'après-midi pour voir un ami.
Cet ami l'a raccompagné en bas de chez elle, puis ils se sont séparés. C'est à ce moment que la victime va croiser deux jeunes adolescents. Ces derniers lui demandent de rester avec eux. La jeune fille ne comprend pas et explique que sa mère va s'inquiéter, mais les deux adolescents lui barrent le passage, la force à les suivre et arrivent vers un local désaffecté. Là-bas, un troisième adolescent arrive.
Selon son récit, ils lui portent des coups, lui imposent des pénétrations et une fellation, tout en lui proférant des menaces de mort et des propos antisémites. L'un des adolescents lui pose des questions sur Israël en l'insultant notamment de "sale juive".
Un briquet est aussi allumé à proximité de sa joue. La jeune fille est menacée d'être brûlée. Elle affirme que des photos et vidéos des faits sont aussi réalisées par ses ravisseurs. Après ce calvaire, ils la menacent de mort dans le cas où elle s'adresse à la police. La somme de 200 euros lui est par ailleurs réclamée "sinon il allait lui arriver malheur à elle et à sa famille". Un message sera même envoyé sur le téléphone de la mère de la jeune fille pour dire que l'adolescente était retenue par des jeunes.
Après l'arrivée des policiers, la jeune fille est prise en charge par les sapeurs-pompiers et transportée à l'unité médico-judiciaire de Garches, indique l'Agence France-Presse (AFP).
• Une enquête ouverte, le caractère antisémite retenu
Contacté par notre antenne, le parquet de Nanterre confirme avoir ouvert une enquête en flagrance dès le samedi soir. Elle porte sur des faits de "viol aggravé sur mineur de 15 ans".
Les investigations sont immédiatement confiées au commissariat de Courbevoie avant d'être transférées, le lendemain, à la Brigade territoriale de protection de la famille des Hauts-de-Seine.
Lundi 17 juin, en milieu de journée, trois adolescents de 12 et 13 ans sont placés en garde à vue. Deux d'entre eux avaient été identifiés par l'ami de la victime.
Le lendemain, ils sont présentés à un juge d'instruction dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment des chefs de "viol aggravé", d’"agression sexuelle aggravée", de "tentative d’extorsion", d’"atteinte à l’intimité de la vie privée", de "menace de mort", de "violences et d’injures, ces deux dernières infractions étant aggravées par leur commission à raison de l’appartenance de la victime à une religion". Le parquet requiert leur placement en détention provisoire.
• Deux des suspects mis en examen pour "viol"
Le soir même, deux des trois mineurs sont mis en examen des chefs de "viol aggravé (en réunion, sur mineur de 15 ans et en présence de mineurs)", "agression sexuelle en réunion", "tentative d’extorsion", "violences commises en réunion, sur mineur de 15 ans et à raison de la religion", "atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation", "enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel", "menace de mort réitérée" et "injure à raison de la religion".
Le troisième suspect, lui, est placé sous le statut de témoin assisté concernant les faits de "viol", mais est mis en examen pour le reste des infractions visées au réquisitoire introductif.
Le plus jeune, âgé de 12 ans, fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire provisoire. Les deux autres sont placés sous mandat de dépôt par le juge des libertés et de la détention.
• L'indignation de la classe politique
Invité sur le plateau de BFMTV ce mercredi, Gérald Darmanin a réagi à cette affaire. "Si les faits sont vrais, ils sont absolument ignobles. Qu'il s'agisse du viol de cette jeune fille, et encore plus s'il y a un caractère antisémite, bien évidemment", souligne le ministre de l'Intérieur. Elle s'inscrit, selon lui, dans un contexte où la "violence des mineurs extrêmement forte".
Le maire Les Républicains (LR) de Courbevoie, Jacques Kossowski, réclame une peine exemplaire contre les auteurs présumés des faits.
"Ce ne sont pas des êtres humains. On ne peut pas être humain quand on fait ça. Comment se fait-il que des enfants de 14 ans, d'abord, soient dans la rue et, deuxièmement, pensent à cela", s'indigne l'élu.
Et d'ajouter: "Cette jeune fille, quoi qu'il arrive dans sa vie, elle ne pourra pas l'oublier. C'est marqué à vie. Personne ne peut vous dire le contraire. Et ça, c'est difficile. Comment va-t-elle vivre et comment va-t-elle se soigner dans tout ça? C'est ça qui est important".
Jacques Kossowski espère que les suspects seront jugés comme des adultes au vu des faits dénoncés par la jeune fille. Plus largement, Gérald Darmanin propose, lui, de "réfléchir" à "l'excuse de minorité".
La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, s'est aussi dite "horrifiée" par ce "viol abominable" sur X. "Horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu'il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite", a de son côté écrit Jean-Luc Mélenchon.
Après cette déclaration, le ministre de la Justice a accusé le leader de la France insoumise "d'alimenter la haine" sur l'antisémitisme.
Les mots "manquent" à Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, "devant ce récit d’horreur", quand Marine Le Pen se dit révulsée après cet acte, en dénonçant "la stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême-gauche".
Le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué, lui aussi dans un post sur X, sa "peine", mais aussi "l'horreur et la révolte" face à "un acte monstrueux et abject". Le chef du gouvernement rappelle que le combat contre l’antisémitisme "doit être celui de tous les républicains".