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Police-Justice

VIDEO - Souad Merah: itinéraire d'une jeune femme jugée dangereuse

Souad Merah se présentant à son audition au commissariat, le 19 décembre 2012, à Toulouse.

Souad Merah se présentant à son audition au commissariat, le 19 décembre 2012, à Toulouse. - -

La disparition de la grande sœur de Mohamed Merah inquiète les services de renseignements français. Est-elle vraiment dangereuse? Portrait de cette mère de quatre enfants, enfant des cités, qui a finalement embrassé la cause de l'islamisme radical.

Depuis quelques jours, sa disparition préoccupe les services de renseignements français. Ces derniers ont perdu la trace de Souad, la grande soeur de Mohamed Merah, plusieurs fois entendue dans le cadre de l'enquête sur les complicités du tueur au scooter.

Si les renseignements craignent qu'elle soit partie pour faire le jihad en Syrie, ses parents, eux, affirment que leur fille est en vacances en Tunisie. Jugée dangereuse, la personnalité de Souad inquiète. Pourtant jamais aucune charge n'a été retenue contre elle.

De son enfance difficile dans une cité toulousaine à l'islamisme radical, retour sur le pacrcours de Souad, 35 ans, qui a grandi entre les cultures française et algérienne.

Des déclarations chocs

Souad est l'une des soeurs de Mohamed Merah. Elle-même adepte d'un islam rigoureux, entièrement voilée de noir en public, elle avait beaucoup fait parler d'elle en 2012 quand elle s'était dite "fière" de son frère Mohamed lors d'un entretien avec un autre de ses frères alors qu'elle était filmée à son insu par une chaîne de télévision.

La jeune femme, dont le visage rappelle irrésistiblement celui du "tueur au scooter", y disait "penser du bien de Ben Laden" et détester les juifs. Elle y défendait les salafistes.

Ses propos avaient fait l'objet d'une enquête pour apologie du terrorisme. Elle avait ensuite condamné les meurtres. L'affaire avait finalement été classée sans suite en janvier 2013.

Comme Mohamed, Souad ne semblait pas d'abord vouée à devenir celle qu'elle est.

Frappée enfant par ses frères

Née en 1978 en Algérie, deuxième de la fratrie, elle rejoint son père à Toulouse en 1981 avec sa mère et ses frères. Enfant, elle est frappée comme sa soeur cadette Aïcha par leurs frères Abdelkader et Abdelghani. Elle a 15 ans quand ses parents divorcent. Pendant son adolescence dans la cité des Izards, rien ni personne ne l'empêche d'adopter les tenues sexy, de sortir avec les garçons, de s'amuser en discothèque. "Elle était parfois à la limite d'une vie de débauche", dit son frère aîné Abdelghani.

Elle a 21 ans quand naît son premier enfant. Elevée dans une famille bien connue de la justice, elle a fréquenté les prétoires des tribunaux et les parloirs des prisons.

Début de radicalisation en 2001

C'est après une nouvelle incarcération de son premier mari qu'elle aurait commencé de se radicaliser en 2001 selon les uns, après une dépression selon d'autres. Cette femme de caractère divorce du père de ses deux premiers enfants car il ne la suit pas sur cette voie.

Pendant un temps, elle suit assidûment les cours de l'imam Abdelfattah Rahhaoui. Ce religieux conservateur la décrivait en 2012 comme "une femme intelligente soucieuse d'apprendre sa religion, une mère attentionnée qui essaie de trouver sa place dans le pays dans lequel elle vit, préoccupée par l'éducation de ses enfants, et une grande soeur responsable".

"Une terroriste en puissance"?

Elle applique dans sa vie les préceptes religieux dans toute leur rigueur. Elle s'est remariée avec un homme également engagé dans la mouvance salafiste.

Selon un expert, le mouvement qu'elle a rejoint défend une idéologie proche de celle des Takfiris, des sunnites extrémistes bien implantés en Egypte, légitimant l'assassinat de musulmans opposés à leurs thèses et soupçonnés d'attentats antichiites en Irak.

Son frère Abdelghani, en qui elle dit n'avoir aucune confiance, voyait en elle "une terroriste en puissance". Dans un livre, celui-ci affirmait que Souad lui avait dit qu'un jour elle commettrait "un attentat suicide" dans le métro toulousain.

Fichée par la DCRI avant les tueries

Comme Mohamed et Abdelkader, Souad Merah s'est rendue en Egypte pour approfondir sa connaissance de l'islam.

Et comme Abdelkader, toujours écroué, elle était fichée avant les crimes de mars 2012 comme membre de la mouvance salafiste par la DCRI, la direction centrale du renseignement intérieur.

L'ancien chef de la DCRI Bernard Squarcini avait indiqué que Souad et Abdelkader Merah étaient perçus comme plus dangereux que Mohamed par les services de renseignement. Elle avait été placée en garde à vue en avril 2014 dans l'enquête sur les complicités dont aurait pu bénéficier Mohamed Merah. Elle avait été relâchée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle.

M.G. avec Igor Sahiri