Vidéo d'un viol en Essonne: comment des internautes ont traqué les suspects

Les réseaux sociaux se sont embrasés vendredi soir, quelques heures après la mise en ligne d'une vidéo montrant le viol d'une adolescente. Selon des sources policières, les faits se sont déroulés jeudi dans une cage d'escalier de Morsang-sur-Orge, dans l'Essonne.
Sur Twitter, des internautes ont interpellé les forces de l'ordre. Plusieurs centaines d'entre eux ont signalé la séquence sur Pharos (Plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements), la plateforme dédiée du ministère de l'Intérieur mise en place il y a une dizaine d'années. Une trentaine de policiers travaillent pour cette interface, sur laquelle on peut signaler tous les contenus illicites dont on pourrait avoir connaissance sur Internet. Les enquêteurs avisent ensuite de l'opportunité d'ouvrir une enquête.
Un lycéen mène l'enquête sur internet
Le Parisien raconte également comment un jeune homme de 16 ans est parvenu, en exploitant les données de la vidéo, à identifier l'un des suspects du viol. Ce hacker, habitant dans le Doubs, se fait appeler Kobz sur Internet. "La justice prend trop de temps dans ce genre d'affaire", a-t-il expliqué au journal. "Avec ma méthode, au moins, ça ne traîne pas". Vendredi soir, il pensait avoir identifié formellement l'un des deux adolescents, et a divulgué son identité à ses abonnés. Une pratique illicite.
"Dans une démocratie, chacun est justiciable, mais personne ne peut s'ériger en justicier", réagit dans Le Parisien Catherine Chambon, sous-directrice de la lutte contre la cybercriminalité de la police judiciaire. "Ce type de comportement est bien sûr pénalement répréhensible. Il peut relever de l'obstruction à la justice ou, s'il s'accompagne de représailles, s'apparenter à des coups et blessures, voire à des tentatives d'homicide".
Deux mineurs mis en examen
Le même soir, un des deux mineurs s'est rendu lui-même au commissariat de Juvisy. Il a reconnu les faits. Dans la nuit qui a suivi, son complice a été interpellé. Ils ont tous deux été mis en examen pour "viol en réunion" et "enregistrement et diffusion d'images violentes et dégradantes". Ils ont été placés en détention provisoire dimanche soir.
Samedi, la police nationale a posté un message pour remercier les internautes de leur mobilisation qui a permis d'interpeller "les deux auteurs du viol présumé et de la vidéo diffusée en masse". "Ça nous a bien aidé", a reconnu une source proche de l'enquête auprès de l'Agence France-Presse (AFP).