Une vingtaine de centres de vaccination ou de dépistage vandalisés depuis mi-juillet, soit un par jour

Un centre de vaccination à Garlan, dans le Finistère. - Fred Tanneau / AFP
Extension de l'application du pass sanitaire, nécessité d'en contrôler la conformité retombant sur les épaules des employeurs, commerçants ou bistrotiers, obligation vaccinale pour les personnels des établissements de santé... Le dispositif sanitaire mis en place par l'exécutif pour lutter contre un Covid-19 dopé par le variant Delta suscite réserves et oppositions au sein d'une part significative de la population.
Ainsi, ce samedi, 237.000 de ses détracteurs ont défilé dans les rues de France. Plus encore que les 204.000 recensés le week-end précédent, qui, eux-mêmes surpassaient les 161.000 du 24 juillet. S'il est naturel que des cortèges s'organisent et marchent pour dénoncer une politique n'ayant ni leur faveur ni leur adhésion, certains poussent un cran plus loin. Ainsi, selon nos informations recueillies ce mardi auprès du ministère de l'Intérieur, une vingtaine de centres de dépistage ou de vaccination anti-Covid-19 ont fait l'objet de dégradations depuis la mi-juillet.
Des actes de vandalisme scrupuleusement enregistrés par la Place-Beauvau. Selon les tableaux dressés par l'institution, on relève donc un fait de cet ordre par jour en moyenne depuis le 14 juillet dernier et jusqu'à ce lundi, date de clôture des données que nous avons pu consulter. Ces faits concernent l'ensemble du territoire. On en déplore en effet dans le Doubs, comme en Isère, dans les Pyrénées-Atlantiques, ou encore dans le Vaucluse, le Val de Marne, le Haut Rhin, etc.
Des tags aux flammes
Ces actions ne présentent pas toutes le même degré de violence. Ainsi, dans un certain nombre de cas, il s'agit de simples tags. Comme à Saint-Paul-lès-Dax, dans les Landes, où l'on a découvert des inscriptions sur un centre de vaccination de la commune le 19 juillet dernier. Celles-ci appartenaient cependant à un registre particulièrement délétère: on y avait tracé les mots "nazis" et "collabos" ainsi qu'une vingtaine de croix gammées inversées.
Le 21 juillet dernier, à Neuillé-Pont-Pierre, en Indre-et-Loire, ce sont cette fois deux étoiles jaunes qui ont été étalées sur les panneaux indiquant le centre de vaccination. Le 28 juillet, à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, le terme "génocide" a été peint sur le sol, devant le centre de vaccination.
D'autres initiatives sont toutefois de plus grande ampleur et plus dangereuses. On a par exemple signalé un départ de feu devant une pharmacie de Kembs, dans le Haut-Rhin, le 14 juillet dernier. La bâche de la tente qui servait à faire des test PCR est brûlée. Les gendarmes ont de plus constaté la présence au sol d'inscriptions proclamant "docile-stranguler-pourrissez tous".
Le 17 juillet, dans la commune iséroise de Lans-en-Vercors (38), un robinet incendie a volontairement été ouvert, entraînant la dégradation d'un centre de vaccination sur 150 mètres carrés. Sur les murs du site, on pouvait alors lire: "Nouveaux génocide", "ARN=OGM". Du matériel informatique et sanitaire a de surcroît été dégradé. Le centre de vaccination a du être déplacé vers le centre médical de la commune.
Le 18 juillet, dans la ville d'Urrugne, sise dans les Pyrénées-Atlantiques, on a déploré l'incendie volontaire d'un chapiteau accueillant un centre de vaccination. Le feu a été déclenché à cinq endroits. Des tracts ont été retrouvés à proximité. Ils contenaient les paroles de l'hymne national, dont les paroles "contre nous de la tyrannie" et "formez vos bataillons" étaient soulignées.
Dans ce dossier, le parquet local a d'ailleurs demandé à la police judiciaire de saisir la SDAT (c'est-à-dire la Sous-Direction anti-terroriste de la police judiciaire) car il soupçonne que ce brasier implique les membres d'une mouvance extrémiste.
La police mobilisée
Ce même 18 juillet, cette fois à Audincourt, dans le Doubs, on a coupé la ligne d'alimentation en électricité du centre de vaccination, tandis que le groupe électrogène chargé de prendre le relais était éteint. En conséquence, le réfrigérateur du centre -et ses 600 flacons (soit 3000 doses de vaccin)- s'est trouvé privé d'électricité pendant plusieurs heures.
Le 4 août, à Morhange, en Moselle, le cabanon préfabriqué qui abritait un centre de dépistage PCR a été incendié. Ces faits ne sont pas l'apanage de la métropole. Quatre jours plus tard encore, soit ce dimanche, deux barnums qui servaient de centre de vaccination ont également été incendiés dans la ville de La Possession, à la Réunion.
Si la liste de ces vandalismes est hétéroclite -et non-exhaustive- la réponse et les procédures enclenchées par les pouvoirs publics sont quant à elles toujours les mêmes. Les plaintes sont systématiquement déposées et les services de police mobilisés pour en retrouver les auteurs.