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Police-Justice

"Une excellente décision": le juge qui a libéré Bertrand Cantat salue l'ouverture d'une nouvelle enquête

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L'ancien juge d'application des peines qui a décidé de la libération conditionnelle de Bertrand Cantat en 2007, Philippe Laflaquière, salue sur BFMTV l'ouverture d'une nouvelle enquête sur le suicide de l'ex-femme du chanteur Krisztina Rady.

"On a toujours intérêt à ce que la vérité émerge". L'ancien juge d'application des peines qui a décidé de la libération conditionnelle de Bertrand Cantat en 2007, Philippe Laflaquière, estime sur BFMTV ce jeudi 24 juillet que l'ouverture d'une enquête par le parquet de Bordeaux sur le suicide de Krisztina Rady, l'ex-femme du chanteur, est "une excellente décision".

"Je pense que c'est une excellente décision car on a toujours intérêt à ce que la vérité émerge, ça sera sans doute très difficile mais il le faut", a-t-il déclaré.

Après la diffusion d'un documentaire Netflix sur le chanteur de Noir Désir condamné pour le meurtre en 2003 de Marie Trintignant, le parquet de Bordeaux a annoncé ce jeudi la réouverture d'une enquête "sur d'éventuels faits de violences volontaires" commis par Bertrand Cantat sur son ex-épouse Krisztina Rady, retrouvée pendue chez elle le 10 janvier 2010.

Bertrand Cantat est soupçonné d'avoir exercé des violences physiques et psychologiques sur elle, ce qui l'aurait conduite à mettre fin à ses jours.

"Bertrand Cantat aurait probablement vu sa libération conditionnelle révoquée"

Philippe Laflaquière avance que si "l'information des violences" dont a été "manifestement victime Krisztina Rady" était remontée à la justice", "Bertrand Cantat aurait très probablement vu sa libération conditionnelle révoquée".

"À mon avis, sans le moindre doute", insiste-t-il jugeant cette situation "évidemment terrible dans ce drame".

De même, l'ancien juge d'application des peines estime que si "les éléments de mensonge et la sorte d'omerta lors du procès de Vilnius avaient été connus, la peine aurait sans doute été plus sévère".

"Ce qui me frappe, c'est que depuis la tragédie de Vilnius, jusqu'à la tragédie de Bordeaux, le suicide de Krisztina Rady, on a l'impression qu'il y a effectivement une succession de phases de mensonges, de non-dits", abonde-t-il.

L'ancien juge d'application des peines décrit Krisztina Rady -qu'il explique "avoir rencontrée lors d'une permission de sortie, destinée à préparer la conditionnelle de Bertrand Cantat"- comme une "femme absolument extraordinaire, lumineuse, charismatique".

"La nouvelle de ce suicide m'a bouleversée", confie Philippe Laflaquière.

Le témoignage clé d'un infirmier

Bertrand Cantat, condamné en 2003 à huit ans de prison en Lituanie pour des coups mortels à Vilnius sur Marie Trintignant, a été libéré en 2007. Le chanteur et Krisztina Rady se sont mariés en 1997 et ont eu deux enfants. Sans divorcer, ils se sont séparés lorsque le chanteur a fait la connaissance de Marie Trintignant.

Lors du procès de Vilnius, Krisztina Rady a assuré n'avoir jamais été victime de violences de la part de Bertrand Cantat.

À sa sortie de prison en 2007, Bertrand Cantat a repris de manière épisodique sa vie commune avec Krisztina Rady. Jusqu'à ce qu'elle se suicide en 2010.

Après le suicide de Krisztina Rady, le chanteur avait été rapidement mis hors de cause.

Outre le dossier en recherches des causes de la mort ouvert après son décès au domicile conjugal à Bordeaux, trois autres procédures subséquentes" avaient été ouvertes en 2013, 2014 puis 2018, rappelle le procureur Renaud Gaudeul.

Dans le documentaire Netflix, intitulé Le cas Cantat et diffusé au printemps, "plusieurs affirmations et témoignages ne figurant pas" dans les quatre procédures déjà ouvertes sur les circonstances de la mort de Krisztina Rady, toutes classées sans suite, ajoute le magistrat. Notamment le témoignage anonyme d'un infirmier qui "corrobore le fait que Krisztina Rady était victime de violence conjugale".

Juliette Brossault