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Police-Justice

Un détenu connu pour terrorisme en garde à vue et accusé de s'être fait "livrer" un couteau par drone

Prison (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Prison (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Kenzo Tribouillard - AFP

Le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête ce jeudi sur Abdelaziz Fahd, un des détenus les plus surveillés de la prison de Beauvais. Il a été placé en garde à vue.

C'est une "livraison par drone" à la prison qui suscite la colère de syndicats comme Force ouvrière. Le destinataire et le contenu de cette livraison ont de quoi faire réagir.

Le syndicat affirme en effet qu'un couteau de vingt centimètres et un iPhone qui devaient être transmis à Abdelaziz Fahd, un des détenus les plus surveillés de la prison de Beauvais. Il a été placé en garde à vue et le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête de flagrance ce jeudi 27 mars, a appris BFMTV.com, confirmant une information du Courrier Picard.

"Nous sommes passés à rien d'un drame"

Cet homme, placé à l'isolement, est impliqué dans une tentative d'assassinat en 2019 de deux surveillants pénitentiaires à Condé-sur-Sarthe. À l'époque, un détenu, Michaël Chiolo, avait alors agressé et blessé deux surveillants, avant de les prendre en otage. Sa compagne avait été tuée lors de l'assaut.

Le procureur de la République de Paris Rémy Heitz avait alors expliqué que Michaël Chiolo, au moment de blesser grièvement les deux surveillants, avait affirmé vouloir "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attaque jihadiste du marché de Noël de Strasbourg, abattu le 13 décembre par les forces de l'ordre après avoir tué cinq personnes.

Dans ce dossier, Abdelaziz Fahd est considéré comme "le véritable investigateur des faits. Selon le Pnat, il était le "mentor", le "leader charismatique" mais "discret" de ce "groupe conspiratif radicalisé très uni" qui tentait "sans cesse d'échapper à la vigilance des agents pénitentiaires". Il sera jugé cet été, au côté de quatre autres personnes.

D'après le secrétaire local du syndicat Force ouvrière du centre pénitentiaire de Beauvais, Abdelaziz Fahd, "notre plus gros détenu actuellement" arrivé "il y a quelques semaines" et placé "à l'isolement", "avait bricolé une canne à pêche artisanale pour récupérer le colis de sa cellule". Mais "il n'y est pas parvenu", les surveillants étant "intervenus avant", relate le syndicaliste.

"On a une chance inouïe, il était à deux doigts de récupérer le colis, nous sommes passés à rien d'un drame", a encore estimé le syndicaliste.

Pour Force ouvrière, "cette situation soulève de vives inquiétudes", estimant que la prison de Beauvais est "devenue une véritable passoire, malgré le système anti-drone en place".

En 2023, 53.000 téléphones portables ont été saisis dans les prisons françaises. Concernant la protection des prisons contre les drones, 22 sites pénitentiaires français étaient équipés de brouilleurs anti-drones en 2023, pour un coût de 12 millions d'euros par an pour l'État.

Charlotte Lesage et Matthieu Heyman avec AFP