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"Un côté sériel qui saute aux yeux": l'une des accusatrices de PPDA réagit à sa mise en examen pour viol

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Bénédicte Martin, qui accuse Patrick Poivre d'Arvor d'une agression sexuelle en 2003, s'est réjouit sur BFMTV de la mise en examen pour viol de l'ex-présentateur dans le cadre d'une accusation portée par la journaliste Florence Porcel.

"C'est un prédateur. On a 48 autres plaignantes, 24 plaintes, 12 viols, 8 agressions sexuelles, 4 harcèlements et des dizaines de témoignages qu'on n’a pas encore sorti de femmes non-prescrits". Invitée sur le plateau de BFMTV ce mercredi 20 décembre, Bénédicte Martin, l'une des femmes qui accuse Patrick Poivre d'Arvor de violences sexuelles, s'est réjouit de la mise en examen de l'ancien présentateur du journal de TF1.

Lundi, l'ancien journaliste a été mis en examen pour viol lundi 19 décembre dans le cadre d'une accusation portée à son encontre par la journaliste Florence Porcel, pour des faits - une fellation forcée - qui datent de 2009, une information révélée par BFMTV.

Elle avait également dénoncé un autre fait de viol dans les locaux de TF1 en 2004, pour lequel Patrick Poivre d'Arvor a été placé sous statut de témoin assisté. Des accusations "fermement contestées" par l'ancien journaliste, qui affirme par le biais de ses avocates "qu'aucune mesure de contrôle judiciaire n'a été prise à son encontre".

"On ne pouvait pas en rester là"

"Je me réjouis enfin que les juges d'instruction, contre l'avis du parquet, se soient emparés de ça, on ne pouvait pas en rester là par rapport à cette affaire qui est énorme", a expliqué Bénédicte Martin, écrivaine et ambassadrice de #MetooMedia.

En effet, une première plainte, déposée par Florence Porcel, avait été classée sans suite en 2021. Mais la journaliste avait à nouveau porté plainte, cette fois-ci avec constitution de partie civile, pour obtenir l'ouverture d'une nouvelle enquête confiée à des juges d'instruction.

"La justice a estimé que le dossier de Florence Porcel était très solide avec des faits graves et concordants", a poursuivi Bénédicte Martin.

Si le deuxième viol dénoncé par Florence Porcel - qui date de 2004 - est prescrit, PPDA a néanmoins été placé sous le statut de témoin assisté: "ça augure quelque chose de très positif, ça veut dire que la justice estime que, même si c'est prescrit, il peut être entendu", a réagi Bénédicte Martin.

"Marquées au fer-blanc"

L'écrivaine espère que la justice ira plus loin: "au nom de toutes les plaignantes, on veut un procès, on veut qu'il se tienne à la barre, qu'il reconnaisse. Il sait très ce qu'il a fait, Patrick Poivre d'Arvor".

"Pour moi, c'est un prédateur. Quand on a 48 autres plaignantes, 24 plaintes, 12 viols, 8 agressions sexuelles, 4 harcèlements et des dizaines de témoignages qu'on n’a pas encore sorti de femme non-prescrits", a-t-elle détaillé.

Parmi les éléments incriminants, selon l'écrivaine, il y a les similarités dans les témoignages des victimes: "il y a un côté sériel qui saute aux yeux. Ce n'est pas une cabale de femmes qui se sont réunies un jour (...) Je me suis rendu compte a posteriori que j'avais vécu la même chose que d'autres femmes, nous n'avions jamais échangé avant. C'était assez vertigineux de se rendre compte de ce côté sériel", a-t-elle expliqué.

"Nous sommes toutes marquées au fer-blanc par ce qui s'est passé", a-t-elle ajouté.

"Une femme a tout à perdre à aller témoigner"

Bénédicte Martin espère également que la mise en examen de PPDA encouragera d'autres femmes à témoigner, voire à porter plainte. Mais elle est consciente des difficultés.

"Une femme a tout à perdre à aller témoigner, son nom et son identité sont souvent dévoilés. Le traitement de Florence Porcel, ce classement sans suite, a été extrêmement violent, extrêmement dur. Est-ce que ça a incité des femmes à aller porter plainte, à se dire moi aussi j'ai envie de me faire insulter, moi aussi j'ai envie de me faire jeter en pâture, non", a estimé l'écrivaine.

Bénédicte Martin, qui porté plainte contre l'ancien présentateur pour une agression sexuelle en 2003, alors qu'elle n'avait que 24 ans, a affirmé avoir "été insultée", avoir "perdu énormément de gens autour" d'elle et "des contrats de travail" depuis le déclenchement de cette affaire.

Dans un article publié par le journal Libération, elle avait expliqué que les faits s'étaient déroulés en 2003. À l’époque, Bénédicte Martin a 24 ans et elle est invitée de l'émission littéraire de PPDA, Vol de nuit. À l'issue de l'enregistrement, il lui propose de revenir pour assister à un journal télévisé. Quelques semaines plus tard, après l'enregistrement de ce JT, elle est emmenée par une secrétaire dans un bureau, où elle se retrouve ensuite seule avec le présentateur.

Selon son témoignage, PPDA la saisit par-derrière et la fait tomber par terre. Elle se débat alors contre l'ex-présentateur, alors que celui-ci tente de l'embrasser et de baisser son collant sous sa jupe. L'autrice réussit à s'échapper et à fuir.

Manon Aublanc