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Police-Justice

TOUT COMPRENDRE - Sur quoi porte l'enquête préliminaire concernant l'affaire McKinsey?

Le Parquet national financier a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale ce mercredi 6 avril 2022.

Le Parquet national financier a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale ce mercredi 6 avril 2022. - AFP

Le Parquet national financier a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale ce mercredi, après la publication d'un rapport du Sénat sur le recours à des cabinets de conseils privés par le gouvernement.

Le parquet national financier (PNF) a annoncé ce mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire du chef de "blanchiment aggravé de fraude fiscale", après avoir pris connaissance du rapport du Sénat, publié le 16 mars et établi par la commission d'enquête sur l'influence croissante des cabinets de conseils privés sur les politiques publiques.

Le parquet national financier indique avoir ouvert cette enquête dès le 31 mars dernier, après avoir "procédé à des vérifications". Les investigations ont été confiées au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), un service créé en 2019 et surnommé "la police fiscale de Bercy".

· Sur quoi porte l'enquête?

L'enquête porte uniquement sur l'aspect fiscal de l'affaire. Le rapport du Sénat avait laissé entendre que certains cabinets de conseils privés, notamment McKinsey, auquel le gouvernement a eu recours, avaient procédé à des opérations d'optimisation fiscale, afin d'éviter de payer des impôts en France.

Selon le rapport du Sénat, les entités françaises de McKinsey n'ont versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020, ce qu'elles ont démenti par la voix d'un de leurs responsables.

· Quelles répercussions peut avoir cette affaire?

Au-delà de l'aspect judiciaire, cette enquête pourrait avoir des répercussions politiques, à seulement quatre jours du premier tour de l'élection présidentielle. Emmanuel Macron est accusé d'avoir eu un recours croissant à ces cabinets de conseils afin d'élaborer certaines politiques publiques, notamment sur la gestion de la crise du Covid-19, ou encore l'affaire des APL.

Le Président-candidat a donc dû se défendre d'avoir versé des millions d'euros à ces cabinets pour gérer les affaires du pays, plutôt que de faire appel aux ressources publiques.

Des critiques renforcées du fait des accusations d'optimisation fiscale qui touchent le cabinet. Ses opposants politiques estiment ainsi qu'il est anormal que ces sociétés touchent autant d'argent public dans le cadre de leurs missions mais ne payent pas d'impôts en France, en retour.

· Quel pourrait être l'impact de l'affaire sur l'élection présidentielle?

L'inertie de la justice dans cette affaire a agité ces dernières semaines de campagne. Plusieurs candidats avaient indiqué qu'il était anormal que le parquet national financier ait ouvert une enquête visant François Fillon en 2017, une autre ciblant Fabien Roussel cette année après des soupçons d'emplois fictifs, mais ne fasse rien dans une affaire qui, potentiellement, peut nuire au président sortant.

Mardi, dans une tribune publiée par Marianne, sous couvert d'anonymat, des magistrats expliquaient qu'il n'était pas normal qu'aucune enquête ne soit ouverte sur les agissements présumés des cabinets de conseil. C'est désormais chose faite, à quatre jours du premier tour.

Vincent Vantighem avec Elisa Fernandez