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Transparency International sur la polémique McKinsey: ni "une affaire d'Etat", ni "un débat complotiste"

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Dans une tribune publiée par Le Monde, le président de l'association donne des pistes pour clarifier l'utilisation des cabinets de conseil par l'Etat.

Véritable caillou dans la chaussure du candidat-président Emmanuel Macron, l'affaire McKinsey et plus largement de l'usage fait des cabinets de conseil par l'Etat, n'en finit pas de faire des vagues. Mais pour Transparency International, une des principales organisations de la société civile de lutte contre la corruption, il n'y a pas de scandale mais plutôt de mauvaises habitudes à revoir.

Dans une tribune publiée par Le Monde ce lundi, Patrick Lefas, le président de la section française de l'association souligne qu'il n'y a ni "affaire d’Etat" ni "débat complotiste".

Et de donner des pistes pour clarifier l'utilisation des cabinets de conseil par l'Etat.

Transparence

"Les prestations de conseil répondent à des appels d’offres lancés par l’Etat, et se concentrent sur le régime particulier des accords-cadres à bons de commande. Or, ces contrats, très généraux, ne permettent pas de distinguer quelles sont les prestations demandées et exécutées. Comme souvent dans le domaine des marchés publics, des informations existent (...) mais celles-ci ne sont ni consolidées ni centralisées, ce qui rend leur compréhension difficile. Il est donc essentiel de faire la publicité sur les bons de commande des accords-cadres de conseil, et de consolider les informations sur ces marchés publics pour les rendre le plus accessibles possible, comme le recommande la commission d’enquête", explique le responsable.

"Le manque de traçabilité induit également un risque de confusion entre conseil technique légitime et lobbying opaque" poursuit Patrick Lefas.

"Pour s’assurer que les recommandations des cabinets de conseil répondent seulement au besoin émis par l’acheteur public et ne visent pas une modification législative ou réglementaire, il faut assurer la traçabilité des prestations des cabinets de conseil et la communicabilité de leurs rapports via la Commission d’accès aux documents administratifs, comme le recommande la commission" poursuit-il.

En finir avec les prestations bénévoles

Pour Patrick Lefas, il faut également en finir avec les "prestations pro bono [bénévoles] de consultants auprès de l’Etat s’apparentent finalement à un cadeau d’une entreprise privée à un décideur public. (...) Cette pratique est donc à même d’instiller le doute quant à une éventuelle contrepartie, qui pourrait constituer une atteinte à la probité au sens du code pénal".

Et de rappeler qu'un "recours accru au privé, qu’il s’agisse de consultants ou d’agents publics contractuels issus du privé (une tendance accrue par la loi relative à la transformation de la fonction publique de 2019), favorise les risques d’interférence entre sphère publique et intérêts privés et peut, par conséquent, nourrir la corruption si des mesures de prévention adéquates ne sont pas prises."

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business