Une mère apprend par la presse que son fils est devenu jihadiste

Un étudiant alsacien de 26 ans, dont la famille n'avait plus de nouvelles depuis 2013, figure sur la liste des recrues présumées de Daesh, révélée jeudi dernier par la presse britannique. Sa mère, avertie par un journaliste, est abasourdie.

Les noms et les informations personnelles contenues dans la liste des membres présumés de Daesh, révélées la semaine dernière par la chaîne de télévision SkyNews, mettent en lumière le destin d'individus qui avaient disparu de la circulation, sans jamais avoir été repérés par les services de renseignement. C'est le cas de Romain, 26 ans. Cet étudiant en psychologie a coupé petit à petit les ponts avec sa famille en 2013, jusqu'à cesser de donner tout signe de vie. Vendredi, un journaliste britannique du Telegraph a contacté sa mère, en Alsace. Et lui a appris qu'il était sur cette liste.

D'après les informations contenues dans ces documents, le jeune homme, volontaire pour mourir dans un attentat suicide, avait été rebaptisé Khattab al-Franci par les membres de Daesh. Le nom de sa mère, Manuela D., et le numéro de téléphone familial, étaient inscrits à côté de son nom sur la liste. Mais avec une mention spécifiant : "Ne les contactez pas si je meurs". 

"Il était perdu, nous ne savions pas comment l'aider"

Jointe par The Telegraph, qui cherchait à authentifier la véracité de ces documents, la mère de Romain a affirmé tomber des nues, et n'avoir jamais pensé que son fils pourrait un jour s'intéresser à la religion et rejoindre l'organisation terroriste en Syrie.

"Je suis sidérée, ce n'est pas du tout lui. C'était un garçon gentil, du genre à s'interposer dans une bagarre, mais pas à la déclencher", raconte sa mère, évoquant un "possible lavage de cerveau" pour expliquer la radicalisation de Romain.

Le jeune homme, qui souffrait de dépression selon sa mère, aurait été bouleversé par la mort de sa grand-mère en 2012, atteinte d'Alzheimer. C'est à cette époque qu'il avait décidé de quitter la maison familiale près de Mulhouse pour aller poursuivre ses études de psychologie à Strasbourg. 

"Il était perdu, et nous ne savions pas comment l'aider. Il voulait vivre sa vie, c'était un adulte, donc nous l'avons laissé partir", explique encore sa mère, qui n'avait jamais déclaré sa disparition à la police. 

La famille garde l'espoir d'un malentendu

Le jeune homme a fini par couper totalement les ponts, au plus grand désespoir de ses proches. "A chaque fois que le téléphone sonne, j'ai l'espoir que ça va être lui. Ne pas avoir de ses nouvelles m'a profondément affectée", poursuit la mère, qui a appris en début de semaine dernière qu'elle souffrait d'un cancer. "Je suis sûre que c'est lié à sa disparition", regrette-t-elle. 

Plusieurs milliers de citoyens européens ont rejoint les rangs de Daesh ces derniers mois, et les autorités de leurs pays d'origine craignent qu'ils ne commettent des attentats à leur retour. Les proches de Romain gardent encore l'espoir que "ses papiers d'identité aient été volés". "Il n'a peut-être rien à voir avec tout cela", espère sa mère. 

Alexandra Gonzalez