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Terrorisme

Thomas Barnouin, figure du jihadisme français et proche de Merah, arrêté en Syrie

Plusieurs villes syriennes ont été reprises par les forces armées kurdes.

Plusieurs villes syriennes ont été reprises par les forces armées kurdes. - Youssef Karwashan - AFP

Trois hommes, jihadistes français, ont été arrêtés le 17 décembre dans le nord-est de la Syrie par les forces kurdes soutenues par la coalition internationale. Parmi eux figure Thomas Barnouin, membre de la filière d'Artigat qui a vu passer Mohamed Merah ou encore les frères Clain, "voix" de Daesh pour les attentats du 13 novembre 2015.

Il s'agit d'un gros poisson qui est dans les radars de l'antiterrorisme français depuis des années. Thomas Barnouin, jihadiste français, membre de la filière d'Artigat à laquelle appartenait, notamment, Mohamed Merah, a été arrêté le 17 décembre dernier dans le nord-est de la Syrie par les forces armées kurdes qui combattent Daesh et soutenues par la coalition internationale. Au moins deux autres Français ont également été capturés ce jour-là.

Thomas Barnouin, un Albigeois de 36 ans, a été arrêté dans la région d'Hassaké, non loin de la frontière irakienne, entre Mossoul et Raqqa, ex-capitales du califat de Daesh reprises après des offensives d'envergure. Vétéran de la nébuleuse jihadiste du Sud-Ouest, dans laquelle ont gravité Mohamed Merah ou les frères Clain, il se trouvait en Syrie depuis 2014 où il était parti se battre. Deux autres "convertis", Romain Garnier, un ancien champion de natation de 33 ans originaire de Vesoul en Haute-Saône, et Thomas Collange, ont été capturés, précise TF1. Tous soupçonnés d'avoir combattus pour Daesh.

Jihad
Jihad © -

Condamné à 5 ans de prison en France

Thomas Barnouin, converti à l'islam vers 2000, avait déjà été intercepté en 2006 avec une autre figure du jihadisme français, Sabri Essid, cette fois par l'armée syrienne, alors qu'ils se rendaient en Irak pour y prendre part au jihad contre les forces de la coalition internationale. Les deux hommes ont été condamnés à Paris, en décembre 2009, à cinq ans de prison, dont un avec sursis, dans le cadre de la filière dite d'Artigat, village de l'Ariège où résidait Olivier Corel, cet imam salafiste surnommé "l'émir blanc d'Artigat", est souvent présenté comme le mentor de Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse et Montauban en 2012, et de Fabien Clain, "voix" de la revendication par Daesh des attentats parisiens du 13 novembre 2015. 

En 2014, Thomas Barnouin et Sabri Essid sont au coeur d'une nouvelle affaire de filière de départ vers la Syrie qui englobe encore une partie de la nébuleuse jihadiste du Sud-Ouest, dont le frère de Fabien Clain, Jean-Michel. En février de la même année, Thomas Barnouin de repartir en Syrie, avec sa femme et ses enfants, avant que les autorités ne perdent sa trace. Six hommes, ayant pris le chemin du jihad en Syrie dans le cadre de cette filière où Barnouin est soupçonné d'avoir joué un rôle prépondérant, ont été condamnés en octobre à Paris à des peines allant jusqu'à 15 ans de prison.

Quid des "revenants"

Quel sort va désormais être réservé à Thomas Barnouin? Va-t-il être jugé en Syrie alors que la France a délivré contre lui un mandat de recherche et que le pays ne dispose pas de justice reconnue par Paris? "Il n'y a pas de gouvernance avérée" et en conséquence la France saisit "pour l'instant, à chaque cas identifié, la Croix rouge internationale", rappelait en novembre dernier Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. Selon le gouvernement français, environ 1.700 Français sont partis rejoindre les zones jihadistes irako-syriennes à partir de 2014. Près de 700 se trouveraient toujours sur place.

Sur ce total, au moins 278 sont morts et 302 sont revenus en France - 244 adultes et 58 mineurs. Les autres ont été soit capturés par les forces qui combattent l'EI en Syrie et en Irak, soit tués dans les combats, soit ont fui vers les derniers territoires tenus par l'EI ou d'autres foyers jihadistes (Libye notamment). D'après les services de renseignement français, "quelques dizaines" d'adultes français, combattants jihadistes ou leurs épouses, se trouvent actuellement dans des camps ou des prisons en Irak ou en Syrie.

Le cas des "revenants" inquiète les autorités françaises. Celui des femmes accompagnées de leurs enfants est le plus épineux, et Emmanuel Macron avait indiqué en novembre que leur sort serait examiné au "cas par cas". Ainsi trois enfants, âgés de 3 à 8 ans, d'un couple de jihadistes français partis en Irak rejoindre l'EI viennent d'être rapatriés, mais leur mère et son plus jeune enfant de moins d'un an sont restés sur place, selon ses avocats.

"Ce retour est le fruit du dialogue qui s'est intensifié ces derniers mois avec le Quai d'Orsay et la Croix-Rouge", ont déclaré mercredi à l'AFP Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth, confirmant une information de France Inter.

Justine Chevalier avec AFP