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Terrorisme

Pourquoi la fausse alerte à Paris a-t-elle été donnée si vite?

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La menace terroriste pèse en France et la fausse alerte samedi à Paris l'a encore démontré. Série d'attentats, attaques déjouées et interpellations en série, elles attisent la psychose et l'hypersensibilité pouvant donner lieu à de la précipitation.

16h14, samedi à Paris. Les détenteurs de l'application SAIP présents dans le quartier des Halles au cœur de la capitale reçoivent une "alerte attentat". "Intervention en cours des forces de l'ordre et de secours suite à un attentat", "Abritez-vous", "Ne vous exposez pas". Telles sont les consignes données par les autorités, aucun conditionnel n'est employé.

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En quelques minutes à peine, le périmètre est entièrement bouclé. Les unités d'élite des forces de l'ordre et la BRI sont en place. Un hélicoptère survole même le quartier. Mais rapidement, les autorités s'aperçoivent qu'il s'agit d'une fausse alerte. Une dame pensant avoir assisté à un début d'attaque après un mouvement de foule devant l'église Saint-Leu avertit la police. Tout est ensuite allé très vite: les médias ont relayé l'information et le quartier s'est très rapidement vidé.

"Tant que la levée de doutes n'est pas effectuée par les unités spécialisées, on ne peut pas prendre le moindre risque. Évidemment, on a déployé des forces conséquentes parce que c'est à la hauteur des enjeux", justifie Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Une hypersensibilité dans un climat anxiogène

Les autorités ont sans doute voulu éviter le fiasco du 14 juillet dernier, où une alerte avait été envoyée plus de deux heures après le drame sur la promenade des Anglais à Nice. Une première ratée pour le SAIP, lancé début juin avant le début de l'Euro. A cela s'ajoute un climat anxiogène à son paroxysme. Il y a eu depuis les 86 morts à Nice et un prêtre égorgé dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray en juillet. Sans compter les attaques déjouées comme celle de la voiture aux bonbonnes de gaz et les nombreuses interpellations de celles et ceux qui s'apprêtaient à passer à l'acte.

"On ne peut pas reprocher aux gens d'être très sensibles par rapport à de potentiels incidents terroristes. Tout simplement parce que, encore très récemment, on a eu des attentats sanglants. On ne peut pas vraiment parler de responsabilité. C'est malheureusement l'ordre des choses. On s'attend à ce que des événements de ce type surviennent à tout moment et encore une fois, on est hypersensibles", estime Mathieu Zagrodzki, chercheur en sciences politiques.

Cette fausse alerte aura toutefois permis de valider le fonctionnement de l’application du système d'alerte. Si ce moment de psychose est à oublier, la réactivité des gens reste un point positif. Gratuite, l'application SAIP est disponible pour Android (Google) et iOS (Apple), mais pas pour Windows (Microsoft).

P. P. avec Maïté Frémont et Katia Kerbous