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Terrorisme

Attentats à Paris: des terroristes, jeunes, devenus religieux sur le tard

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Ils sont nés pour certains en France, et n’ont pas hésité à tirer à bout pourtant sur des compatriotes. Comment en vient-on à une telle folie meurtrière? Passés par la Syrie, ces jihadistes semblent avoir été conditionnés pour tuer massivement.

Ils sont originaires de Drancy en Seine-Saint-Denis ou de Courcouronnes dans l’Essonne. Des Français, parfois père de famille comme Omar Ismaïl Mostefaï, intégrés professionnellement, comme Samy Amimour qui a travaillé comme chauffeur de bus. Malgré un contexte stable en apparence, ces hommes sont passés à l'acte vendredi soir, tuant au moins 129 personnes. Comment expliquer une telle folie meurtrière? Qu'est-ce qui pousse ces hommes à prendre les armes?

La fragilité psychologique ou un sentiment d’échec sont souvent décrits comme un point de départ. La religion, elle, n'est pas forcément présente au début. Loin des préceptes d'un islam radical, Brahim Abdeslam gérait ainsi un bar à Bruxelles, dans le quartier de Molenbeek. Il y vendait de l'alcool et l'endroit était connu de la police pour trafic de stupéfiants.

Mostefaï se serait radicalisé à Chartres

Mais si sa place est parfois minime au départ, la religion semble avoir joué un rôle chez les terroristes. C'est le cas notamment pour Omar Ismaïl Mostefaï, 29 ans, qui s’est fait exploser au Bataclan: selon le maire de Chartres, interrogé par BFMTV, il s'est radicalisé dans "une maison de prière de l'agglomération".

"A partir du moment où on fréquente une mosquée, un imam, une personne qui va vous parler de la présence de Dieu, du prophète, il v a y avoir un conditionnement qui va intervenir au fur et à mesure. Les plus fragiles partent vers la Syrie", explique Daniel Fellous, avocat spécialisé dans les questions de jihad.

Les kamikazes de vendredi dernier qui ont été identifiés ont ainsi tous séjourné en Syrie. C’est là qu’ils sont endoctrinés et conditionnés pour servir une cause martelée chaque jour, comme dans une secte. Daesh en vient à effacer leur humanité.

Le sentiment humain, "preuve de faiblesse"

Dans Le Monde en juin 2014, le père de Samy Amimour racontait son périple en Syrie pour tenter de faire rentrer son fils. "C'était des retrouvailles très froides", décrivait-il à l'époque, désarçonné par l'attitude de Samy. "Il ne m'a pas emmené chez lui ne m'a pas dit comment il s'était blessé ni s'il combattait." Le jeune homme accepte de lire rapidement une lettre de sa mère, mais refuse l'argent que lui propose son père. Il se tient volontairement à distance.

"Le meurtrier est déshumanisé, il ne doit plus rien ressentir", explique l'anthropologue Dounia Bouzar, auteure de La vie après Daesh (éditions de l'Atelier). "Le sentiment humain est une preuve de faiblesse, il est vécu comme quelque chose qui va affaiblir le meurtrier pour sa mission divine."

Pour certains députés, la seule solution à cette dérive est la création d’une grande fondation pour le contre-discours radical, et un suivi individualisé dès les premiers signes de perte d’identité.

A. K. avec Gaël Giordana, Louis Baguenault, Maud guillot