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Terrorisme

Assignation à résidence suspendue: Halim Abdelmalek dénonce un "délit de faciès"

C'est la première fois depuis la proclamation de l'état d'urgence que le Conseil d'Etat décide de suspendre une assignation à résidence. BFMTV a pu rencontrer l'homme qui s'est vu appliquer cette mesure.

Pour la première fois depuis la proclamation de l'état d'urgence, le Conseil d'État a décidé vendredi de suspendre une assignation à résidence. BFMTV a pu rencontrer Halim Abdelmalek qui avait contesté cette assignation. Selon lui, il ne fait aucun doute qu'il s'agit "d'un délit de faciès".

"Si je n'avais pas cette barbe, le policier ne se serait jamais intéressé à moi. Il ne se serait jamais rapproché de moi comme cela d'aussi près pour me prendre en photo", a-t-il expliqué. Halim Abdelmalek assure ne pas être animé par un esprit de "revanche parce que ça voudrait dire que j'en veux. Mais là je n'en veux à personne. Je veux juste que la vérité éclate." 

"J'avais un sentiment d'enfermement"

L'homme se sent soulagé et, en même temps, estime que cette décision est normale. Il a été assigné à résidence deux mois et sept jours. Au début pendant presqu'un mois, il devait se présenter au commissariat quatre fois par jour. Ensuite à partir du 16 décembre, le nombre de pointage s'est réduit à trois.

"J'avais un sentiment d'enfermement. Je me sentais étouffé et seul. Beaucoup de gens autour de moi se sont méfiés, il y a eu de la médisance et de la méfiance", a-t-il rapporté. Il explique comment petit à petit les gens ne l'appellent plus puis ne répondent plus à ses appels. Côté professionnel, il a eu à subir des pertes conséquentes avec son entreprise. "J'ai dû fournir beaucoup plus de travail à mes employés", a-t-il indiqué.

"C'est l'alpha et l'omega de la preuve"

Pour son avocat, William Bourdon, il y eu beaucoup d'abus "sans des résultats très spectaculaires". "Il y a eu quelques procédures en lien avec une entreprise terroriste. Il y a eu un certain nombre de bavures. Il y a des violences exercées inutiles. Il y a des assignations à résidence qui ont déjà été annulées", a-t-il énuméré.

Selon lui, le cas de son client ressemble au cas de centaines de clients. Il parle d'une "note blanche qui est présentée aux juges" et "le représentant du ministère de l'Intérieur dit: 'toute la vérité évangélique est contenue dans cette note blanche, elle est insoupçonnable. C'est l'alpha et l'omega de la preuve'".

L'avocat a alors raconté comment il avait fallu faire un travail de contre-enquête, "ce sont des dizaines d'heures où on a déconstruit. On a démontré que tout cela était une addition de mensonges" et a déploré que ce travail ne soit pas "forcément à la portée de tous les assignés à résidence".

Elise Maillard avec François Pitrel