Sylvie Leclerc, le procès d'une autre Jacqueline Sauvage

Le procès d'une affaire rassemblant à celle de Jacqueline Sauvage s'ouvre lundi aux assises de Meurthe-et-Moselle. Sylvie Leclerc a abattu son compagnon d'un coup de fusil dans son sommeil en mai 2012. Elle explique qu'elle était victime de violences et du harcèlement de ce conjoint depuis 34 ans.

Sylvie Leclerc vit depuis 34 ans avec Gérard Schahan quand le 15 mai 2012, en pleine nuit, elle entend une voix dans sa tête qui lui dit "tue-le pour être tranquille, pour être enfin libre". Gérard dort, elle lui tire un coup de fusil dans le thorax. Pour sa sœur Corinne Leclerc, elle était sous l'emprise de son compagnon, enfermée dans une relation qui l'empêchait d'être elle-même: "Elle était arrivée au bout du bout, elle était dans un tunnel et quelque chose dans sa tête lui a dit réveille-toi, fais quelque chose ou il va te tuer".

Sylvie Leclerc explique avoir agi après des années de harcèlement: un conjoint totalement autoritaire qui la violait et la tyrannisait. Elle devait par exemple porter une perruque dans la rue pour ne pas attirer le regard des hommes. Corinne Leclerc se souvient de la violence exercée sur sa sœur et cite l'exemple du tatouage de ses initiales qu'elle avait sur le bras. Elle raconte qu'il le frottait "tous les jours" au gros sel, ce qui lui a creusé le bras. "Il lui faisait subir ces choses-là, il lui enlevait son identité", raconte-t-elle.

Pour ses avocates – qui sont les mêmes que celles de Jacqueline Sauvage – ce meurtre est bien la conséquence du harcèlement subi. Janine Bonaggiunta décrit une femme "extrêmement réservée, introvertie et très taiseuse".

"Elle ne parlait pas mais il y a eu des traces de coups d'étranglement qui ont été vues par les médecins", explique-t-elle. "Elle était sous emprise et avait une altération du discernement" constatée par les experts, précise-t-elle.

Plusieurs proches de son ex-conjoint ne comprennent pas qu'elle en soit venue à le tuer et viendront contredire sa défense au procès.

"Il n'a jamais été un bourreau de qui que ce soit. Qu'il y ait une relation difficile dans ce couple, dont acte. Dans beaucoup de couples il y a des relations difficiles, mais venir faire de ce procès le procès des femmes battues, c'est un faux procès", selon Rui-Manuel Pereira, avocat du frère de Gérard Schahan.

Sylvie Leclerc espère échapper à la réclusion criminelle à perpétuité. Dans un courrier adressé à BFMTV, elle dit avoir hâte de s'expliquer.

K. L. avec Cécile Danré