Suicides en prison: Éric Dupond-Moretti lance une mission d'inspection

Le garde des Sceaux reçoit ce vendredi la famille d'un homme qui s'est donné la mort début août. Selon l'Observatoire des prisons, les détenus se suicident 6 fois plus que le reste de la population.

Entre le 1er janvier et le 17 août, 82 détenus se sont suicidés dans les prisons françaises. Un chiffre noir dans la lignée des années précédentes. Pour tenter de lutter contre les suicides en prison, qui a fait 128 morts en 2019 selon un décompte de la direction de l'administration pénitentiaire, le garde des Sceaux lance ce vendredi une mission d'inspection.

L'objectif de cette mission confiée par Éric Dupond-Moretti à l'inspection générale de la justice et à l'inspection générale de la santé est double: à la fois renforcer les moyens de prévention contre les suicides en détention mais aussi faire la lumière sur la mort d'un détenu début août à la prison des Baumettes à Marseille. Le ministre va recevoir dans l'après-midi le père de ce détenu.

Un rapport d'ici décembre

Le 2 août, cet ancien professeur de mathématiques de 51 ans s'est pendu dans sa cellule après un mois de détention provisoire. Suspecté d'avoir crevé les pneus de sa kinésithérapeute à sept reprises entre mai et juin 2020, l'homme, connu pour son état dépressif, avait vu son procès renvoyé pour la deuxième fois le 28 juillet.

"Mon client n'a pas supporté de retourner en prison", a estimé son avocate Louise Lanata.

Au delà de ce cas personnel, la mission, dont les conclusions devront être remises d'ici le 1er décembre à la fois au garde des Sceaux et au ministre de la Santé, devra faire un point sur l'avancement du plan gouvernemental 2019-2022 sur la santé des détenus, qui vise déjà un renforcement des actions de prévention du suicide. L'inspection devra formuler des recommandations.

Des détenus 6 fois plus touchés par les suicides

Selon l'Observatoire international des prisons, le risque de suicide est six fois plus important pour les détenus que pour le reste de la population. En 2009 déjà, l'administration pénitentiaire s'est dotée d'un plan de prévention, comprenant vingt mesures. Parmi elles: le dispositif des co-détenus de soutien, qui prévoit qu'un détenu volontaire, ayant suivi une formation, soit placé en cellule avec un prisonnier dont on craint un passage à l'acte.

Éric Dupond-Moretti avait réservé son premier déplacement en temps que ministre de la Justice à la prison de Fresnes. Saluant un taux d'occupation des cellules "historiquement bas", l'ancien avocat avait estimé qu'"il y a évidemment des conditions de détention qui restent très difficiles". "Tous ceux qui pensent que la prison c'est le trois étoiles se trompent complètement, et ils devraient se taire", avait-il conclu.

J.C. avec AFP