Seine-Saint-Denis: ce que l'on sait de l'interpellation controversée à Sevran

La vidéo d'une interpellation controversée le 12 septembre 2019 à Sevran (Seine-Saint-Denis) a été diffusée sur les réseaux sociaux. - DR
Mercredi, une interpellation à Sevran (Seine-Saint-Denis) a dégénéré en affrontement entre un policier et un employé municipal. La scène a été filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux. Malgré la demande de la préfecture de police, le directeur de la police nationale a refusé de suspendre le fonctionnaire. Voici ce que l'on sait de cette arrestation controversée à l'heure actuelle.
- L'échange de coups de poing a été filmé et diffusé sur internet
Peu avant 18h30 mercredi, dans le quartier des Beaudottes, une équipe "de la circonscription de sécurité de proximité d’Aulnay-sous-Bois" procède à l’interpellation, pour outrage, d’un individu sur la voie publique, explique un communiqué de la préfecture. Le mis en cause est un médiateur de la municipalité de 34 ans.
Les images de l'intervention, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent d'abord un échange verbal entre un fonctionnaire et un individu. Rapidement, le policier attrape l'homme aux jambes pour le plaquer au sol. S'en suit un échange de plusieurs coups de poing. Finalement, l'individu est maîtrisé par un second policier qui fait l'usage d'un pistolet à impulsion électrique de type Taser.
Le contexte de cette interpellation est encore très flou. Sur BFMTV, Fabien Vanhemelryck, secrétaire général délégué du syndicat Alliance Police nationale, a affirmé que le policier a fait l'objet "d'insultes". "Notre collègue subit un outrage, il essaye d'interpeller et neutraliser l'individu", a-t-il affirmé. "C'est le quotidien du 93".
- Une plainte a été déposée, une enquête ouverte
Le médiateur a ensuite été transporté à l'hôpital Robert-Ballanger "pour qu'on lui enlève un ardillon qu'il avait dans la fesse après le tir de Taser", selon l'AFP. Contacté par l'agence, son frère a indiqué qu'il ne souhaitait pas s'exprimer dans les médias. Il a depuis porté plainte contre le policier, a indiqué une source proche de l'enquête à BFMTV.
Le parquet de Bobigny a ouvert vendredi une enquête pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique". De son côté, la préfecture de police avait annoncé dès jeudi avoir demandé la saisine administrative de l'Inspection générale de police nationale (IGPN) "afin d'établir les circonstances exactes de cette interpellation".
- Le policier n'est pas suspendu à l'heure actuelle
Après la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux, la préfecture de police de Paris avait assuré jeudi soir avoir ordonné la "suspension immédiate" du fonctionnaire. Mais le directeur général de la Police nationale ne l'a pour l'heure pas suspendu.
"Il n'est pas suspendu, de source sûre et policière, parce qu'il est en arrêt", a affirmé Fabien Vanhemelryck, secrétaire général délégué du syndicat Alliance Police nationale, sur BFMTV. "Notre collègue a pris un coup de poing. A partir du moment où il est en arrêt, la suspension ne peut pas être notifiée. Le (directeur général de la police nationale) ne le souhaite pas, c'est encore mieux."
- Les syndicats policiers sont très remontés
La décision du préfet de police Didier Lallement est en tout cas très mal passée dans les rangs des forces de l'ordre. Dans la soirée, 80 policiers se sont rassemblés devant le commissariat d'Aulnay-sous-bois pour soutenir leur collègue mis en cause et réclamer sa réintégration immédiate. Le fonctionnaire n'avait pas encore été auditionné.
"Depuis quand on punit avant d'avoir eu la moindre enquête ?", s'indigne au micro de BFMTV Linda Kebbab, déléguée nationale au sein du syndicat Unité SGP Police-FO, avant d'assurer que "la vidéo est tronquée, coupée." "On n'a pas du tout le contexte", abonde-t-elle.
Ce vendredi matin, une réunion s'est tenue à 10 heures entre des représentants des syndicats de police et Éric Morvan, directeur général de la police nationale.