BFMTV
Police-Justice

"Se préparer à toutes les éventualités": le directeur de la gendarmerie revient sur le risque de "conflit armé" en France

placeholder video
Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale, est l’invité d’Apolline de Malherbe dans le Face-à-face sur BFMTV/RMC, jeudi 30 janvier.

"Cette phrase n’est finalement qu’une toute petite partie du contexte dans lequel nous sommes." Hubert Bonneau, directeur général de la gendarmerie nationale, est revenu longuement sur sa lettre adressée "aux grands commandeurs de la gendarmerie", ce jeudi 30 janvier dans le Face-à-Face sur BFMTV et RMC.

Dans ce courrier, dévoilé par Le Monde et Intelligence Online puis consulté par BFMTV, le patron de la gendarmerie nationale affirme que "depuis l’invasion russe en Ukraine, la possibilité d’un conflit armé” en France est "sérieusement envisagée".

Des propos forts qui n’ont toutefois rien de nouveau puisque le général Hubert Bonneau avait déjà fait état de cette situation lors d’une première réunion de commandement en novembre dernier.

"Être près face aux diverses éventualités"

"Je suis militaire et il me paraît important de pouvoir donner des lignes d’opérations à mes grands subordonnés pour être prêt face aux diverses éventualités", souligne Hubert Bonneau sur BFMTV et RMC. "Ce que j'ai voulu, c'est d'abord posé un cadre, le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui."

Un contexte international d'abord, "troublé" par "une guerre aux portes de l'Europe en Ukraine" depuis maintenant trois ans, et “qui produit déjà des effets sur le territoire national”, rappelle le directeur général de la gendarmerie nationale.

"Le contexte international est important dans le cadre d'une préparation d'une force armée", poursuit le général Hubert Bonneau, rappelant que la gendarmerie "en tant qu'armée" doit "pouvoir se préparer à toutes les éventualités y compris d'agressions sur le territoire national".

Puis un contexte national, marqué par les violences. "Nous sommes dans une société violente", affirme le patron de la gendarmerie nationale, rappelant que les gendarmes ont aussi "des missions de police au quotidien".

Le tiers des gardes à vue pour "violences intrafamiliales"

"Le tiers de toutes les gardes à vue prises par les gendarmes aujourd’hui concerne les violences intrafamiliales, c’est la réalité", relève le général Hubert Bonneau. "La bande passante des gendarmes, notamment sur le judiciaire, est déjà prise par les violences intrafamiliales, qu'il faut traiter, c'est impératif."

Selon les chiffres du service statistique ministériel de la sécurité intérieure, en 2023, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 82.800 victimes de violences intrafamiliales non-conjugales soit une progression de 14% en un an. La même année, 271.000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées par les services de sécurité, soit une hausse de 10% par rapport à 2022.

Dans cette société "de plus en plus violente", le général Hubert Bonneau se dit par ailleurs "frappé depuis quelques années déjà par la montée des radicalités de tout bord" et "la montée des violences entre personnes".

Cette "montée des radicalités", le directeur général de la gendarmerie la détaille. "Je vais faire référence à ce que j’ai connu il y a quelque temps, quand je commandais la zone Grand Ouest. Vous avez des décisions qui sont prises à un niveau local, par exemple la création d’un centre d’accueil pour les demandeurs d’asile", explique le général Hubert Bonneau.

"Vous avez derrière, des oppositions fortes, entre de l’ultradroite et de l’ultragauche. C’est assez inédit. Mais on la retrouve à tous les niveaux."

Une "libération de la violence"

À tous les niveaux, et à tous les âges. Sur BFMTV et RMC, le directeur général de la gendarmerie nationale évoque la mort d’Elias, un adolescent de 14 ans poignardé à mort pour son téléphone portable. "Il y a une espèce de libération de la violence à laquelle nous sommes confrontés", alerte le général Hubert Bonneau.

"Aujourd’hui, quand vous avez une problématique entre personnes, le premier réflexe, ce n’est pas de traiter ça entre-soi", rappelle le directeur général de la gendarmerie nationale. "C’est d’appeler les gendarmes ou les policiers, systématiquement."

Charlotte Lesage