BFMTV
Police-Justice

Alerte de violences conjugales sur Pronote: le père de famille condamné à 24 mois de prison dont 12 ferme

 Palais de justice de Montbéliard

Palais de justice de Montbéliard - JEFF PACHOUD / AFP

Un signalement avait été fait par le camarade d'un des enfants du couple qui a donné l'alerte sur la messagerie scolaire Pronote.

Une alerte avait été lancée sur Pronote. Le père de famille jugé en comparution immédiate ce mardi 28 janvier pour des faits de violences sur sa compagne à Audincourt (Doubs) a notamment été condamné à 24 mois de prison dont 12 avec sursis, a appris BFMTV. Une peine similaire à celle requise plus tôt par le substitut du procureur de la République de Montbéliard.

Dans le détail, le père de famille âgé de 42 ans est également soumis à une obligation de travail, à une obligation de soins et il se voit interdit d'entrer en contact avec son épouse ou de se rendre au domicile familial. Il se voit par ailleurs retirer l'autorité parentale et fait l'objet d'un mandat de dépôt donc placé en détention dès ce soir.

L'alerte donnée via la messagerie scolaire Pronote

Les faits se sont déroulés dans la matinée du samedi 25 janvier. Ce jour-là, légèrement alcoolisé, le quadragénaire roue de coups de pieds et de coups de poing sa femme, qu'il soupçonne d'adultère.

L'un des enfants du couple, témoin de la scène, prévient alors un camarade qui donne l'alerte sur la messagerie scolaire Pronote. La cheffe d'établissement, bien qu'en week-end, voit la notification prévient aussitôt le 17. Le père de famille est alors interpellé tandis que les pompiers prennent en charge la mère, blessée à la mâchoire et au thorax notamment, et s'occupent des trois enfants affectés psychologiquement.

"Je suis traumatisé, il a pris ma mère par le col et l’a balancée comme une serpillère, il l’a traînée de la porte de l’appartement jusqu’à l’entrée du séjour", a déclaré le fils aîné de 13 ans durant sa déposition.

"Il a pris mon téléphone pendant que je dormais, quand je me suis réveillée, il (le téléphone, NDLR) n’était plus à côté de moi", a raconté la mère de famille lors de son audition à la police. "Il m'a donné plusieurs coups de poings, plusieurs coups de pied. Je me suis mise en boule pour me protéger le plus possible".

"J'ai frappé ma femme"

Elle raconte ne pas se souvenir de toute la scène et de tous les coups reçus par son mari qui la soupçonnait d'avoir une liaison. "J'ai appris qu’il avait appelé tout le monde ma mère, ma sœur, mon grand frère. Il les a appelés pour leur raconter ce que j’avais fait par message", explique-t-elle.

"Vous vous êtes battus tous les deux pour récupérer le téléphone?", demande la présidente au prévenu.

"Non, j’ai frappé ma femme", lui répond l'intéressé.

"On a presque peur de le dire, mais madame a eu de la chance. De pouvoir encore se lever et marcher aujourd’hui", déclare la présidente.

"Je regrette beaucoup"

Le fils aîné raconte au moment des faits avoir entendu sa mère crier: "j'ai su qu’il y avait un problème, je criais à mon père d’arrêter de frapper ma mère".

"J'ai voulu appeler la police, mais je ne l'ai pas fait, car j'ai eu trop peur. J'avais peur qu'il frappe tout le monde, moi et mes frères", déclare-t-il encore. "Mon frère de 10 ans était en train de pleurer comme moi".

Le fils aîné raconte également des scènes où la table du domicile est "remplie de bières, ça le rend différend quand il a bu, je n'aime pas ça". La victime, qui a expliqué ne pas avoir déposé plainte de peur que situation soit pire, décrit aussi son mari comme quelqu'un de nerveux, qui s’emporte très vite, veut toujours avoir raison et qui consomme de l'alcool quotidiennement.

"J'ai beaucoup réfléchi, comment j'ai pu faire ça? Je ne sais pas comment ça s'est passé, je regrette beaucoup. Ma vie ne sera plus jamais pareille", a encore déclaré le père de famille, qui reconnaît avoir "fait vivre un cauchemar" à sa compagne, "je le regrette".

La mère de famille, craignant de vivre dans la peur en cas de reprise de la vie conjugale, a demandé par conséquent le divorce et n'a pas réclamé d'indemnisation ou de mesures de protection, seulement que son mari accepte la séparation et ne reprenne pas contact avec elle après l'audience. Le prévenu, dont le casier judiciaire ne comporte pas de mention, avait répondu en disant respecter la décision de sa femme de souhaiter divorcer.

Romain Dussenne et Alexandra Gonzalez avec Hugues Garnier