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Police-Justice

Sculpture d'Abdelkader vandalisée: enquête ouverte pour "dégradation grave"

Une sculpture en hommage à l'émir Abdelkader

Une sculpture en hommage à l'émir Abdelkader - Guillaume SOUVANT / AFP

Cette oeuvre pour les 60 ans de l'indépendance de l'Algérie avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie", remis à Emmanuel Macron en janvier 2021.

Une enquête pour "dégradation grave de bien destiné à l'utilité publique et appartenant à une personne publique" a été ouverte samedi après la dégradation à Amboise de la sculpture rendant hommage au héros national algérien Abdelkader, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet de Tours.

"L'enquête a été confiée à la brigade de recherches d'Amboise", a précisé à l'AFP le procureur de la République de Tours Grégoire Dulin. L'oeuvre, représentant l'émir découpé dans une feuille d'acier rouillé, a été largement dégradée dans la partie basse de la structure.

Cette oeuvre pour les 60 ans de l'indépendance de l'Algérie avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie", remis à Emmanuel Macron en janvier 2021.

Peu avant la cérémonie prévue à 11H00, les passants et la centaine de personnes présentes ont découvert que l'oeuvre intitulée "Passage Abdelkader", signée de l'artiste tourangeau Michel Audiard, représentant l'émir découpé dans une feuille d'acier rouillé, avait été largement dégradée dans la partie basse de la structure.

"Un saccage prémédité"

"L'oeuvre était en parfait état depuis sa mise en place il y a dix jours. La police municipale a constaté ce matin, un peu après 08H00 les dégradations. Il n'y a pas de revendication", a indiqué à l'AFP le chef d'escadron de la gendarmerie Hugues Loyez.

Si l'inauguration de la stèle a été maintenue, le maire d'Amboise Thierry Boutard (DVD) a fait part de son "indignation".

"J'ai eu honte qu'on traite une oeuvre d'art et un artiste de cette sorte. Le deuxième sentiment est bien sûr l'indignation. C'est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable", a-t-il dit l'AFP.

"C'est une période politiquement tendue ou que certains se plaisent à tendre. (...) Nous résisterons contre ces propos calomnieux, ces actes inqualifiables, souvent teintés d'intolérance et de racisme", a-t-il ajouté.

L'artiste Michel Audiard a confié sa peine de voir son oeuvre en partie détruite. "C'est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C'est un acte de lâcheté (...) ce n'est pas signé, c'est gratuit. On était là pour fêter un personnage emblématique dans la tolérance et là c'est un acte intolérant. Je suis atterré", a-t-il lâché.

C.Bo. avec AFP