Sans argent et sans réseau, Redoine Faïd s'était retranché dans son fief

Redoine Faïd a été interpellé dans un appartement à Creil. - Capture BFMTV
Un homme a l'air dépité et fataliste. C'est un Redoine Faïd, loin de l'image de la figure du grand bandit, qui a été arrêté ce mercredi matin à l'aube dans un appartement de Creil, dans l'Oise. En cavale depuis trois mois, le braqueur multirécidiviste avait trouvé refuge dans un logement sommaire, loué par une femme depuis 2012, du quartier du Moulin, à un kilomètre seulement du quartier Guynemer où il est né et où il a grandi. C'est ici qu'il avait fait ses premières armes: en 1995, il a pris en otage la famille du directeur de l'agence de la BNP pour le forcer à le faire ouvrir les coffres.
Il était 4 heures du matin ce mercredi quand les hommes de la BRI sont entrés dans cet appartement du 4e étage. Ils ont surpris Redoine Faïd, un de ses frères, deux de ses neveux et la logeuse en plein sommeil. Tous habillés, comme prêts à partir, le braqueur n'a pas eu le temps de se saisir de son arme à portée de main, qui se trouvait à la tête de son lit. Dans l'appartement, le mobilier a été retourné par les policiers, des vêtements jonchaient les lits, quelques chemises sont encore accrochées sur le séchoir à linge.
"Ça montre que très certainement il n’avait pas tant de réseau que ça, qu’il appartient avant tout à cette famille de criminels qu’on appelle les grands braqueurs", estime Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité.
Localisé en région parisienne
Après son évasion spectaculaire le 1er juillet dernier de la maison d'arrêt de Réau à bord d'un hélicoptère, Redoïne Faïd a vécu très modestement. Comme en 2013 lors de sa dernière évasion où il avait été arrêté dans un modeste hôtel de Seine-et-Marne. Dans sa dernière planque, peu d'affaires ont été retrouvées. Les policiers qui sont intervenus décrivent "une cavale à la petite semaine", "le circuit canapé" selon l’expression d’une source proche du dossier. Les enquêteurs pensent d'ailleurs qu’il n’a pas fait de braquage pendant sa cavale.
Au fil de ces semaines de fuite, Redoine Faïd a semé des indices, laissant penser qu'il a toujours gravité autour de son ancrage local. Le 8 juillet, un sac était découvert par un chasseur dans la forêt de Verneuil-en-Halatte, dans l'Oise. A l'intérieur, la disqueuse ayant servi à ouvrir la porte du parloir lors de l'évasion, des fusils, des gilets pare-balles, une pelle, une pioche, du matériel d'enfouissement et des vêtements. Autant d'objets, enfouis pour servir plus tard, qui pouvaient laisser penser que Faïd projetait un nouveau braquage pour financer sa fuite.
Accélération de l'enquête
Le 24 juillet, le braqueur multirécidiviste était une nouvelle fois repéré cette fois-ci à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Lors d'un banal contrôle routier, le conducteur et son passager ont pris la fuite. Leur véhicule avait été retrouvé dans un parking sous-terrain d'un centre commercial. Les deux passagers ont été filmés par une caméra de vidéosurveillance. Redoine Faïd et son frère Rachid sont formellement identifiés. L'ADN de ce dernier y est prélevé. Les deux hommes auraient d'ailleurs pu vivre dans cette voiture où des produits de la vie de tous les jours, des lingettes et des vêtements ont été retrouvés.
"La cavale en 10 leçons, ça n'existe pas, explique Thierry Colombié, spécialiste du grand banditisme. Mais le paramètre financier reste le plus important, notamment pour développer son action policière, c'est-à-dire pouvoir développer son réseau dans la police et savoir où sont les 'chasseurs'. Redoine Faïd semblait s'enterrer. Mais il semble tendre le bâton pour se faire battre en utilisant des téléphones portables pour communiquer."