"Quenelle" à Oradour-sur-Glane: enquête judiciaire ouverte

La photo de la "quenelle" prise dans les ruines d'Oradour-sur-Glane. - -
Une enquête judiciaire a été ouverte après la découverte sur le site internet de Dieudonné de la photo de deux hommes faisant des "quenelles" dans les ruines du village martyr d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, symbole de la barbarie nazie en France.
Le cliché, dont la date est inconnue, a été également mis en ligne jeudi soir par le quotidien Le Populaire du Centre, qui a révélé l'affaire, sur son site internet. On y voit deux jeunes hommes, visages découverts, l'un souriant, effectuant chacun une "quenelle", geste controversé considéré comme antisémite, dans les ruines de l'église où, le 10 juin 1944, des soldats de la Panzerdivision SS Das Reich ont massacré 450 femmes et enfants. Au total, les SS ont tué ce jour-là 642 personnes. Il s'agit du pire massacre perpétré en France par les troupes hitlériennes.
Une nouvelle affaire qui a été suivie vendredi par le dépôt d'une plainte par le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, au parquet de Limoges. "Le choix de ce lieu ne fait aucun doute sur les intentions perverses des auteurs", a souligné l'association, qui demande "que les services de gendarmerie chargés de l'enquête procèdent le plus rapidement possible à l'identification et l'interpellation des auteurs".
L'un des derniers survivants d'Oradour "écœuré"
Le procureur de la République à Limoges, Michel Garrandaux, est à l'origine de l'ouverte de l'enquête judiciaire, qu'il a confiée le 4 février à la gendarmerie de Saint-Junien, près d'Oradour.
L'enquête va, dans un premier temps, s'attacher à identifier les personnes figurant sur la photo, a-t-il ajouté, ne souhaitant pas s'exprimer sur d'éventuelles poursuites, ni sur la qualification des faits.
Interrogé au sujet de cette nouvelle affaire, Robert Hébras, 88 ans, l'un des derniers survivants du massacre, s'est dit "écoeuré". "Je suis déçu et en colère que des gens puissent se rendre dans un lieu aussi sacré où 450 personnes ont perdu la vie pour leur liberté à eux et y commettre ce geste", a-t-il déclaré. "C'est indigne, c'est ignoble, il n'y a pas de mot". Selon lui, les personnes figurant sur la photo "ne pouvaient pas ignorer où elles se trouvaient": "Quand on va à Oradour, on sait pourquoi, enfin, ça n'est pas Disneyland !", a tempêté l'octogénaire, visiblement ému.