Quartier saccagé à Juvisy: prison avec sursis pour sept jeunes majeurs

Un quartier de Juvisy avait été pris pour cible mi-janvier par une bande d'une vingtaine de personnes. - BFM Paris
Sept jeunes majeurs, âgés de 18 et 19 ans, ont été condamnés lundi à Evry à un an de prison avec sursis, assorti de 175 heures de travaux d'intérêt général, pour avoir saccagé un quartier de Juvisy-sur-Orge (Essonne) mi-janvier. En cas de non-respect des travaux d'intérêt général, les prévenus seront incarcérés. Ils devront également indemniser les victimes et leur verser des dommages et intérêts, selon le jugement du tribunal correctionnel.
"C'est au 18, on va lui défoncer la gueule!" Derrière la porte, un père et sa fille de 16 mois. Les agresseurs, armés de sabres, cassent le mobilier puis réalisent qu'ils se sont trompés d'étage: frustrés, ils vont semer l'effroi dans un quartier calme de Juvisy-sur-Orge. Le 14 janvier, une "déferlante de violences", selon la présidente, s'abattait sur ce quartier de cette commune du sud de la région parisienne.
Une vingtaine de jeunes hommes et adolescents avaient menacé par erreur le locataire d'un appartement, détruit un hall d'immeuble et un abribus puis cassé les vitres et rétroviseurs d'une vingtaine de voitures qui stationnaient dans deux rues voisines. "Ce jour-là, c'était 'Orange mécanique' dans les rues de Juvisy", a résumé le procureur Jean-Michel Bourlès, soulignant "le traumatisme subi par des milliers d'habitants".
Son réquisitoire a cependant tenu compte des profils plutôt favorables des prévenus: des casiers judiciaires vierges, des baccalauréats en poche pour certains, un travail pour d'autres, des cadres familiaux stables. Sabres, scies, machettes, marteaux, fourchette à viande, cutter, barres de fer, manches à balai: l'inventaire des armes retrouvées par les policiers dans le bus où les suspects ont été interpellés peu après les faits et dans des buissons alentours fait frémir. Un arsenal qui était destiné à un "match retour", selon le procureur, entre des quartiers rivaux de Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons, la ville voisine d'où sont originaires la quasi-totalité des prévenus.
Aucune explication des prévenus
La journée du saccage avait déjà été émaillée de deux affrontements entre bandes des deux communes. Selon les éléments de l'enquête, la virée punitive finale devait assouvir un désir de vengeance après l'agression au couteau d'un jeune d'Athis-Mons quelques semaines plus tôt. A l'audience, aucune explication n'a été donnée par les mis en cause, dont certains avaient choisi de se passer d'un avocat. Tous ont rivalisé de maladresse pour justifier leur présence près des lieux du saccage, attestée par la caméra de vidéosurveillance du bus, tout en niant leur participation.
"Je me rendais chez ma grand-mère", avance un premier, dont l'ADN a été retrouvé dans du sang prélevé sur la vitre d'une voiture vandalisée. Un autre explique être arrivé sur place "par hasard", après avoir échappé à des agresseurs à la gare de Juvisy-sur-Orge: "J'étais au mauvais endroit, au mauvais moment." "C'est vrai, c'est vraiment pas de chance", ironise la présidente.
Un troisième, sans jamais se départir d'un insolent rictus, ose même: "Il faut me dire si j'ai pas le droit de prendre le bus pour rentrer chez moi!" Trois témoins n'avaient cependant pas eu de peine à le reconnaître, bien aidés par la teinte peroxydée de ses cheveux lors des faits. Un quatrième a bien tenté de fournir des alibis, "une visite chez une amie", puis "une fête", mais sans jamais donner les noms de ses hôtes "pour ne pas leur créer des problèmes". Les trois autres ont expliqué avoir "suivi le groupe", face à la "pression du quartier" ou "pour secourir un neveu".