Qu'est-ce qu'un tueur en série?

Les gendarmes vont réaliser des recoupements pour tenter de voir si des liens existent entre Nordahl Lelandais et d'autres affaires de disparition. - AFP
La mise en examen de Nordahl Lelandais dans l'affaire de la disparition de Maëlys, cette petite fille de neuf ans, et dans l'enquête sur le meurtre d'Arthur Noyer, un militaire de 24 ans, à quelques mois d'intervalles, laisse se dessiner l'hypothèse d'un possible tueur en série. Alors que l'homme de 34 ans est présumé innocent, les spécialistes s'accordent pour dire qu'il est trop tôt pour analyser ces disparitions comme une logique criminelle.
Jean-Pierre Bouchard, criminologue, répond aux questions de BFMTV, alors que des vérifications vont être effectuées par les gendarmes pour tenter de voir s'il existe des liens entre Nordahl Lelandais et d'autres affaires de disparition non résolues.
BFMTV - Deux victimes avec un profil très différent - une petite fille de 9ans et un jeune militaire de 24 ans - pour un même tueur, est-ce possible?
JEAN-PIERRE BOUCHARD - La réponse est oui. Il ne faut pas fermer cette hypothèse. Même si certains agresseurs en série peuvent agresser toujours de la même façon, le même type de victime, d’autres peuvent changer de modes opératoires, peuvent changer de type de victimes, et même peuvent avoir des mobiles différents.
Le fait de faire disparaître les corps peut-il être considéré comme un élément à part entière des crimes?
Ce sont des méthodes qui sont quelques fois employées par des agresseurs en série. Mais il faut être prudent et rappeler ce qu’est un agresseur en série. C’est quelqu’un qui tue au moins trois personnes dans des espaces de temps différents. Pour que quel qu’un soit considéré comme un tueur en série, il faut qu’il soit définitivement condamné pour ça. Et d'ailleurs, il y a des tueurs en série qui ont été arrêtés très tard, dans la cinquantaine. Ils sont passés sous les radars pendant 10, 20, 30, 40 ans. C’étaient d’autres époques d’investigation judiciaire moins élaborées.
Plus généralement, quels sont les critères communs aux tueurs en série?
Les marginaux sont les plus connus, pour une raison, c’est qu’étant marginaux, ils se font plus facilement interpeller, notamment avec les nouvelles méthodes technologiques. Il y a aussi des tueurs très brillants même si ce ne sont pas les cas majoritaires. Il y a deux types de tueurs en série : il y a les tueurs en série qui sont malades mentaux et ils font en général des séries beaucoup plus courtes à cause de leurs troubles mentaux qui les fait repérer et les fait interpeller. Ils sont très minoritaires.
Les tueurs en série sont-ils considérés comme responsables de leurs actes?
La majorité ne sont pas des malades mentaux, ils peuvent être quelques fois des pervers sexuels ou d’autres types de personnalité, mais ils sont responsables de leurs actes. Ceux-là font des séries quelques fois plus longues car ils sont capables de s’organiser et d’échapper aux forces policières ou de gendarmerie. Ils évitent ou retardent la sanction pénale.