Propos sur les Roms: 5.000 euros d'amende pour Jean-Marie le Pen

Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen, à Paris, le 17 novembre 2013. - -
Nouvelle condamnation pour Jean-Marie Le Pen. Le président d'honneur du Front national a été condamné jeudi à 5.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris. Il a été déclaré coupable d'injure publique envers un groupe de personnes en raison de son appartenance à une ethnie pour ses propos selon lesquels "comme les oiseaux" les Roms voleraient "naturellement".
Le parquet avait requis deux mois de prison avec sursis contre le député européen, estimant, comme pour les associations parties civiles, qu'il s'agissait sans conteste d'une injure à caractère racial. Pour son avocat, Me Wallerand de Saint-Just, l'ancien leader frontiste "faisait de l'humour".
Le 22 septembre 2012 à l'université d'été du Front national à La Baule, en Loire-Atlantique, Jean-Marie Le Pen avait enchaîné les provocations sur l'immigration, thème fétiche du parti, sous les yeux de sa fille Marine. Moquant les Roms, il avait suscité rires et applaudissements nourris en leur attribuant la phrase: "Nous, nous sommes comme les oiseaux, nous volons naturellement".
"Jean-Marie Le Pen croit certainement que les Roms sont une race inférieure", avait dénoncé Pierre Mairat, avocat et coprésident du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), lors de l'audience le 14 novembre. "Il leur prête un attribut de vol génétique, héréditaire", qui nourrit un "sentiment de haine et de détestation. Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit", avant de dénoncer une "politique de bouc émissaire", qui "participe d'un climat délétère absolument abominable".
"Des propos nauséeux"
Pour son confrère Me Stéphane Lilti, conseil de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), la "jubilation de Jean-Marie Le Pen" de son "calembour raciste" provoque un "profond sentiment de dégoût".
Mario Pierre Stasi, conseil de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), considère quant à lui qu'il ne s'agit ni d'humour, ni de controverse politique, mais de "propos nauséeux".
Dans l'entreprise de "dédiabolisation" du FN, Me Patrick Klugman, pour SOS Racisme, avait décrit la "répartition des rôles suivante chez les Le Pen: la fille se chargerait de la "vitrine", le père du "fond de commerce" du parti.
Plaidant la relaxe, l'avocat de Jean-Marie Le Pen, Me Wallerand de Saint-Just avait estimé que "cette phrase doit être absoute" et son client relaxé, car selon lui, ce "jeu de mots" est "humoristique, anodin et dérisoire".