Viols de Mazan: des peines de 3 à 15 ans et en dessous des réquisitions pour les co-accusés de Dominique Pelicot

La grande partie de ces hommes avait nié leur intention d'avoir voulu violer ou agresser Gisèle Pelicot quand ils sont venus une, deux, voire six fois au domicile du couple à Mazan (Vaucluse). La cour criminelle départementale en a décidé autrement, en condamnant les 50 co-accusés de Dominique Pelicot à des peines allant de 3 à 15 années de prison.
Dominique Pelicot, qualifié de "chef d'orchestre" du schéma criminel qui visait à recruter des hommes sur le forum Coco.gg - depuis fermé - pour venir violer sa femme, qu'il avait droguée au préalable, a été condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle.
Des peines moins lourdes que les réquisitions
Pendant ces 15 semaines d'audience, les 50 co-accusés ont été interrogés par petit groupe sur les faits qui leur étaient reprochés. 49 étaient jugés pour "viol aggravé" par deux circonstances, le fait qu'il se soit déroulé en réunion et que Gisèle Pelicot était endormie. Le dernier était jugé pour des agressions sexuelles.
L'ensemble des peines prononcées est en de ça des réquisitions du ministère public qui avait demandé des peines de 4 à 18 ans de prison. Aucun acquittement n'a été prononcé, certains faits ont été requalifiés en atteintes sexuelles ou en tentative de viol. L'altération du discernement, dont la question avait été posée pour une trentaine d'accusés par leurs avocats, a été écartée, à l'exception d'un accusé diagnostiqué schizophrène.
Au total, six accusés ressortent libres. Trois mandats de dépôts à effet différé, laissant le temps à ces accusés de préparer leur détention en raison de leur état de santé. 32 accusés se sont vus condamner à une peine inférieure de 10 ans de prison. Les avocats généraux avaient requis pourtant eux des peines uniquement supérieures à cette durée.
Dans le détail, la peine la moins lourde de 3 ans dont 2 ans avec sursis a été prononcée à l'encontre de Joseph C. et de Saifeddine G., jugés pour atteintes sexuelles, les faits étant requalifiés pour le deuxième. D'autres ne se sont pas vus décerner de mandat de dépôt. C'est le cas notamment de Philippe L. condamné à 5 ans de prison, dont 2 ans avec sursis simple ou Didier S. condamné à la même peine.
32 demandaient l'acquittement
Au premier jour du procès, 35 des 50 co-accusés - un étant en fuite - avait nié les faits. Ces hommes âgés aujourd'hui de 27 à 74 ans ont été confrontés à la diffusion, devant la cour et les journalistes, des vidéos filmées par Dominique Pelicot lors de leur venue à son domicile, après de brefs échanges sur Coco.gg ou par message. Rare ont été ceux qui ont regardé ces images où l'on voit un femme inerte, comme morte, allongée en chien de fusil sur un lit, être abusée par ces hommes.
Malgré ces images sordides et malaisantes, notamment en raison des ronflements bien audibles de la victime, 32 accusés ont formulé des demandes d'acquittement. Bien loin des réquisitions des avocats généraux qui ont réclamé des peines de 4 à 18 ans à leur encontre.
Ces hommes ont plaidé, jusqu'au dernier jour, l'absence d'intention et leur ignorance de l'état d'inconscience de la victime, estimant participer à un scénario libertin. Leur défense avait mis en garde contre "l'erreur judiciaire".
L'altération du discernement débattue
Un argument est revenu fréquemment: ces hommes auraient été "manipulés", "bernés" par "le monstre", "l'ogre" Dominique Pelicot, qui leur aurait fait croire au scénario d'un couple libertin où sa femme ferait semblant de dormir. Les actes de leurs clients auraient été effectués "à contre-coeur", "par peur", "pour faire plaisir", par "erreur de jugement", voire même "par accident".
Pour une trentaine d'entre eux, les avocats ont également demandé à ce que la question de l'altération du discernement soit tranchée par la cour, certains accusés estimant également avoir été drogués par Dominique Pelicot.