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Procès

Un agriculteur de la Somme poursuivi pour avoir débuté son activité à 6 heures du matin

Un éleveur marche au milieu des bovins de son élevage, le 04 avril 2008 dans une écurie à Saint-Firmin. La fièvre catarrhale, pour Jean-Philippe Nivost, à la tête d'une exploitation de 190 hectares et d'un cheptel de 320 bovins à Saint-Firmin (Saône-et-Loire), une commune rurale de 800 âmes à 6 km du Creusot, c'est "une calamité" de plus, après la "vache folle" et la "fièvre aphteuse".

Un éleveur marche au milieu des bovins de son élevage, le 04 avril 2008 dans une écurie à Saint-Firmin. La fièvre catarrhale, pour Jean-Philippe Nivost, à la tête d'une exploitation de 190 hectares et d'un cheptel de 320 bovins à Saint-Firmin (Saône-et-Loire), une commune rurale de 800 âmes à 6 km du Creusot, c'est "une calamité" de plus, après la "vache folle" et la "fièvre aphteuse". - JEFF PACHOUD / AFP

Le tribunal d'Amiens examine ce mardi 14 octobre une plainte d'un couple se plaignant des nuisances sonores et olfactives de leur voisin agriculteur pendant la nuit et tôt le matin.

Un agriculteur de la Somme devant la justice pour avoir débuté son activité trop tôt. C'est le dossier surprenant présenté devant le tribunal d'Amiens ce mardi 14 octobre. Deux versions se font face dans cette affaire qui date d'il y a un an.

D'un côté, l'exploitant du Vimeu. Ce dernier se justifie d'avoir nourri ses bêtes à 6 heures du matin pendant trois jours consécutifs en octobre 2024 car il "avait prévu une journée assez conséquente pour réaliser ses chantiers de récoltes de pommes de terre et de betteraves", indique un communiqué de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles rapporté par France 3 Hauts-de-France.

De l'autre, le couple de voisins qui a porté plainte et dont le jardin est collé à l'exploitation. Selon Marie-Christine, les nuisances n'ont pas duré trois jours mais bien "près d'un an". Elle a expliqué sa version des faits dans les colonnes de nos confrères.

"Les gendarmes n'ont pas bien compris", explique-t-elle évoquant des allées et venues incessants à 6 heures du matin. "Il laissait tourner le tracteur très longtemps. Et en plus le soir, quand il s'occupait de ses patates, il y avait du bruit régulièrement jusqu'à 2 ou 3 heures du matin."

Elle souligne aussi des nuisances olfactives et des craintes pour sa sécurité après avoir retrouvé un taurillon dans son jardin.

"Je n'aurais jamais porté plainte pour un coq qui chante"

Marie-Christine assure avoir confronté l'agriculteur qui a rétorqué "avoir le droit" car il était "paysan". En France, plusieurs lois visent à protéger les territoires ruraux dans ce genre de cas.

La loi dite "Maurice" a été promulguée en 2021, visant à définir et protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises. Elle a fait suite à une plainte de voisins dénonçant les nuisances sonores du chant du coq "Maurice". Elle entre en jeu aussi pour les habitants dénonçant des troubles liés aux cloches des églises par exemple.

"Je n'aurais jamais porté plainte pour un coq qui chante" se défend Marie-Christine auprès de France 3, qui évoque une situation ici totalement différente.

En avril 2024, une loi a été adoptée visant à "limiter les conflits de voisinage, notamment à la campagne et les plaintes des néo-ruraux contre les agriculteurs". Elle protège les agriculteurs dans les troubles de voisinage, notamment lorsque l'exploitation est pré-existante à l'arrivée du riverain.

Pourtant, si l'agriculteur brandit cette loi pour prouver de son bon droit, Marie-Christine estime que les choses ont changé. "En 2003, quand j'achète la maison, on parle d'une étable avec 18, 20 vaches. (...) Du jour au lendemain, elle a au moins triplé de grandeur."

En parallèle du procès, la FDSEA a organisé un rassemblement du soutien à l'agriculteur devant le palais de Justice. Le président, joint par France 3, évoque "une grande première dans le département de la Somme".

Juliette Moreau Alvarez