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Société

Haute-Savoie: une habitante demande de faire cesser les cloches de l'église pendant l'été pour dormir la fenêtre ouverte

L'église Saint-Denis de Mésigny (Haute-Savoie), en avril 2025.

L'église Saint-Denis de Mésigny (Haute-Savoie), en avril 2025. - Capture d'écran Google MAps

C'est un sujet qui divise le village de Mésigny: une habitante a demandé de faire cesser le tintement des cloches la nuit de juin en septembre, lorsque cette dernière dort la fenêtre ouverte pendant les fortes chaleurs. Une partie des riverains s'est mobilisée pour protéger le carillon.

Qu'est-ce qui cloche à Mésigny? Dans cette petite commune de Haute-Savoie où vivent 800 habitants, l'église est au centre des discussions du village. Plus précisément, c'est le tintement des cloches la nuit qui fait grincer des dents d'une habitante, comme le rapportent nos confrères d'Ici Pays de Savoie.

Isabelle, une femme sexagénaire qui réside à Mésigny depuis un an et demi, ne supporte plus les sons de cloches nocturnes. Pendant les chaleurs estivales, Isabelle est contrainte d'ouvrir ses fenêtres qui donnent directement sur le clocher et de subir toutes les heures et les demi-heures les tintements de l'église, l'empêchant de dormir.

Elle propose donc de mettre en place une "trêve estivale" de juin à septembre, où les cloches ne sonneraient plus les nuits pendant l'été.

Le village divisé

De quoi diviser le village, entre les pro-cloches et les autres. Pour Jean-Paul, 50 ans, impensable de toucher aux instruments du clocher, autant important pour le patrimoine du village que pour leur fonction première: indiquer le temps.

"Si les cloches les embêtent à la campagne, faut vite qu'ils restent en ville", lance cet habitant qui habite à quelques mètres de l'église.

Isabelle a rapidement été taxée de citadine par ses voisins. "J'ai toujours vécu à la campagne", répond-elle à nos confrères. "À cause des cloches, je suis forcée d'installer une climatisation chez moi, ça n'est pas très rural comme procédé", se défend-elle.

Et certains entendent son idée. Une voisine âgée d'une trentaine d'années estime auprès d'Ici qu'il s'agit là d'une "bonne idée" pour les "quelques mois les plus chauds de l'année.

Selon Ici, Isabelle avait déjà émis l'idée à la fin de l'été 2024, sans réponse de la mairie. Cette année, le Conseil municipal s'est penché sur l'idée lors de la séance d'avril et l'ensemble des élus ont voté à l'unanimité contre la suspension nocturne des sonneries, a indiqué France 3. En parallèle, les "défenseurs de la ruralité" ont ouvert une pétition pour "sauver les cloches de l'église Saint-Denis".

"Si cela vous dérange ou vous incommode, passez votre chemin, la route est longue et large!", peut-on lire. "Quand vous arrivez dans une commune, vous vous adaptez à son mode de vie plus que centenaire. C'est aux néo-ruraux de s'adapter et non l'inverse." Elle a recueilli au jeudi 14 août plus de 9.100 signatures.

Une loi pour protéger le patrimoine sensoriel

Ce n'est pas la première fois que les cloches d'une église créent la discorde. Dans les villages où chacun est habitué à vivre avec le rythme de l'édifice, certains nouveaux habitants ont du mal à s'adapter. Dénonçant des nuisances sonores ou encore es atteinte à la tranquillité publique, certains ont déjà saisi la justice pour mettre les cloches à l'arrêt.

Face à ce phénomène, une loi visant à protéger les bruits de la campagne avait été promulguée en 2021. Elle faisait suite à l'affaire du coq Maurice, où des habitants étaient excédés par le chant de l'oiseau. Le texte vise à "définir et protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises".

Le 15 avril 2024, une nouvelle loi a également été adoptée pour réguler les conflits de voisinage. Il y est notamment fait mention de l'importance des dates d'installation des plaignants et des mis en cause. Ainsi, la responsabilité de la personne jugée ne peut être engagée si le trouble est "antérieur à l'installation de la personne se plaignant".

Juliette Moreau Alvarez