"Soulagée" après la condamnation de ses cyberharceleurs, Mila veut désormais "vivre libre"

L'adolescente Mila au tribunal de Paris, le 2 juin 2021 - Bertrand GUAY © 2019 AFP
"Je m'étais préparée au pire." Au lendemain de la condamnation de onze de ses cyberharceleurs, Mila a pris la parole au micro de France Inter. La jeune femme a fait part de son soulagement d'avoir, enfin, été "soutenue en tant que victime". Mais au-delà de la justice, elle appelle toute la société à être davantage "impliquée" contre le cyberharcèlement.
Au terme d'un procès érigé en symbole des "lynchages 2.0" devenus monnaie courante sur les réseaux sociaux, le tribunal correctionnel de Paris a condamné mercredi dix personnes pour "harcèlement en ligne" et la onzième, une jeune femme de 18 ans, pour "menaces de mort". Un douzième prévenu a quant à lui bénéficié d'un vice de procédure et le dernier a été relaxé faute de preuves. Un jugement dont se réjouit Mila qui n'était "pas du tout optimiste" sur l'issue des audiences.
"Je me suis sentie respectée, soutenue en tant que victime. J'ai senti que la justice a été là, a tapé là où il faut, que les choses ont été adaptées", estime-t-elle.
La jeune femme explique que ce procès lui a appris "à savoir se maîtriser": "Par moments, on a envie de bondir. Il faut être attentif, savoir se faire une réflexion qui doit s'imposer sur les émotions."
Une "étape"
Ce procès était l'un des tous premiers sur la base de l'infraction de cyberharcèlement créée par une loi de 2018. Depuis cette date, un total de 7374 infractions pour cyberharcèlement ont été enregistrées par les forces de l'ordre. Signe, pour Mila, qu'il faut aller bien plus loin:
"Je veux que ça fasse avancer les choses, et ce n'est qu'une étape. Mais c'est déjà un grand pas vers l'avant."
Elle affirme avoir lu de nombreux commentaires, avant et après le jugement, d'internautes déclarant: "J'ai envie de m'énerver, mais je ne vais rien dire sinon je vais finir devant un tribunal." "Bah tant mieux", commente Mila.
"Ça me donne de l'espoir, mais il n'y a pas que la justice qui doit être impliquée, on doit tous être impliqués", soutient celle qui se présente comme un symbole de "l'innocence".
"Qu'est-ce que je vais devenir?"
Si ce jugement permet de fermer un chapitre, l'avenir de Mila demeure incertain. Elle ne peut donc se déclarer "satisfaite":
"La satisfaction va bien après ça, dans le bruit qui va se passer par la suite. Qu'est-ce que je vais devenir", s'interroge celle qui a du abandonner sa scolarité et n'a donc pas été en mesure de passer son bac cette année.
La jeune femme, qui vit reclue depuis qu’elle a publié sur les réseaux sociaux une vidéo polémique sur l’islam devenue virale, rêve aujourd'hui d'un avenir dans lequel elle serait "épanouie":
"Une vie de couple, un habitat avec plein de choses pour s'amuser, parce que j'ai toujours ce côté très enfantin, avec plein d'animaux. (...) Je rêve d'avoir une carrière dans la musique, avoir une famille, j'ai envie de vivre libre."