Provocation à la haine contre Bilal Hassani: quatre hommes condamnés

Le chanteur Bilal Hassani le 19 octobre 2020 - JOEL SAGET / AFP
Lors de l'audience le 13 novembre dernier, seuls deux des cinq prévenus s'étaient présentés. Ce mercredi 15 janvier, quatre des cinq personnes jugées pour des faits d'incitation à la haine à l'encontre de Bilal Hassani ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris. L'une a été condamnée pour "provocation à la haine" à 60 jours-amende de 50 euros, les trois autres à des amendes avec sursis allant de 1.000 à 1.500 euros. Le dernier a été relaxé, en raison d’une irrégularité de procédure.
"Nous sommes assez satisfaits qu'il y ait eu une reconnaissance de culpabilité et une condamnation", assure à BFMTV.com Me Clara Steg, l'avocate de Bilal Hassani.
Pour rappel, au début de l'année 2023, Bilal Hassani avait été victime d'une vague de cyberharcèlement alors qu'il devait se produire dans la Basilique Saint-Pierre des Nonnains, ancien édifice religieux désacralisé. Live Nation, le producteur de la tournée de l'artiste, avait pris la décision d'annuler l'événement en raison des milliers de menaces de mort à caractère homophobe et raciste et des appels à la violence reçus par Bilal Hassani.
"Bande de dégénérés"
Sur X (ex-Twitter), des internautes avaient appelé "cette bande de dégénérés" à "laisser nos églises tranquilles". Un autre préconisait de "les brûler". Un autre encore avait traité l’artiste de "travelo marocain" et disait l’imaginer "se faire lapider". Dans une vidéo publiée sur Youtube, un autre prévenu appelait "à des comportements violents", a rappelé le parquet lors de l'audience.
Opposé à ce concert, le collectif Lorraine Catholique avait hurlé à la "profanation", en pleine semaine sainte, dans un message sur son blog. Soutenu par Civitas, il avait appelé à une prière de réparation avant le concert, devant l’ancienne église.
Une plainte avait été déposée par Bilal Hassani. Une enquête avait été ouverte par le pôle national de lutte contre la haine en ligne et confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et la haine en ligne le 17 juin 2023. À l'audience, six associations, notamment de lutte contre l'homophobie, se sont constituées parties civiles.
Le caractère homophobe retenu
Seuls cinq prévenus, et ce malgré un travail d'enquête important mené par le pôle national de lutte contre la haine en ligne, ont pu être identifiés et être jugés le 13 novembre dernier. Des prévenus "assez représentatif du spectre" d'internautes qui se sont livrés à cette vague de cyberharcèlement, selon Me Clara Stag, à savoir d'un bloggeur, des militants de l'extrême-droite mais aussi des internautes lamba qui peuvent penser que "leurs messages vont se perdre dans un flot".
Les cinq hommes étaient jugés pour "provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle ou l’identité de genre", "provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit, avec la circonstance aggravante que ces provocations ont été faites à raison du sexe de la victime, son orientation sexuelle ou identité de genre vraie ou supposée, et "injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre".
Dans le détail, la plus lourde peine requise par le parquet était de six mois d'emprisonnement ferme à l'encontre d'un homme. Quatre mois de prison avec sursis ont été demandés à l'encontre de deux autres prévenus et une amende de 1.500 euros à l'encontre de deux autres hommes qui étaient jugés pour "injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre".
Malgré des peines en deça de ces réquisitions, Bilal Hassani et son avocate se félicitent que le procureur et le tribunal aient retenu que les critiques de la prestation de l'artiste dans une église désacralisée soit "un prétexte pour se prendre à son identité de genre à ce qu'il est".