Procès du 13-Novembre: Mohamed Abrini avoue qu'il "était prévu" pour les attentats

Croquis d'audience de Mohamed Abrini, debout, le 2 novembre 2021, au Palais de justice de Paris - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
"Je vais vous dire, j'étais même prévu pour le 13-Novembre." Après plus de six mois de procès, Mohamed Abrini, considéré par la justice comme un logisticien des attentats de Paris et de Saint-Denis, éclaire pour la première fois l'une des zones d'ombre qui pèse encore sur le macabre scénario. Oui, celui qui a été surnommé "l'homme au chapeau", devait faire partie des commandos mais il n'en dira pas plus, pour le moment.
La justice a fait le choix, par souci de compréhension, de séquencer les interrogatoires des 14 accusés. Mardi, Mohamed Abrini, surnommé "l'homme au chapeau" en raison de la photo prise par la vidéosurveillance à l'aéroport de Zaventem, bob sombre sur la tête, juste avant l'attentat, était interrogé par la cour d'assises spéciale sur les préparatifs avant les attentats, entre fin août et début novembre. De manière parfois confuse, celui que la justice française suspecte d'avoir recherché des planques des terroristes affirme qu'il n'a "jamais" participé aux préparatifs dans les semaines précédant les attaques.
"J'ai pas acheté d'armes, j'ai pas loué de voitures, j'ai pas cousu de gilets explosifs", soutient-il.
Une rencontre avec Abaaoud
Mohamed Abrini a tout au long de l'instruction maintenu cette version. Devant la cour, il reconnaît toutefois qu'il savait "qu'il allait se passer des choses graves".
"Il y a plein de gens de mon quartier qui sont partis en Syrie, et là ils sont revenus. Je sais qu'ils ne sont pas ici pour faire du tourisme ou du shopping", affirme-t-il.
Quel est son rôle dans tout ça? C'est ce que cherche à savoir la cour qui l'interroge sur ses déplacements les mois précédents les attentats. Le 25 août 2015 d'ailleurs, son téléphone borne à proximité d'un des appartements utilisés par les terroristes à Charleroi. Pourquoi y était-il, si ce n'est pour organiser la logistique des attentats?
"J’ai sûrement dû aller voir Abaaoud", lâche-t-il comme une évidence.
Pourtant, à cette époque, tous les services de renseignement traquent celui qui est considéré comme le coordinateur des attentats. Jusqu'alors, sa localisation entre l'été et les attentats n'était pas confirmée. Pressé sur cette rencontre par l'avocat général, Mohamed Abrini livre quelques détails.
"On parle du quartier, de sa famille, de sa blessure, explique-t-il. On ne parle même pas des attentats."
Le Belgo-marocain consent toutefois à dire qu'il savait que son ami d'enfance se préparait à commettre des attaques.
Interrogé la semaine prochaine
Cette déclaration sur cette rencontre avec Abdelhamid Abaaoud n'a rien d'un hasard, reconnaît Mohamed Abrini qui confirme qu'il s'expliquera sur son implication dans les attentats et sur son renoncement à y participer. Il a toujours affirmé s'être rendu à Paris le 12 novembre au soir pour accompagner ses amis "dans leur dernier souffle" dans un convoi qu'il a qualifié de "convoi de la mort".
Pourquoi a-t-il renoncé? Qule devait être son rôle précis dans les attaques qui ont fait 130 morts? "On attend beaucoup de la semaine prochaine alors", note le président de la cour d'assises Jean-Louis Périès. A partir du 29 mars, les accusés seront interrogés sur les derniers préparatifs et le soir du 13-Novembre. Le premier qui sera questionné sera, justement, Mohamed Abrini.