L'avocat de la mère de Maëlys ne sait pas si les déclarations de Lelandais sont un "revirement"

Croquis d'audience de Nordahl Lelandais (c) lors de son procès pour le meurtre de Maëlys de Araujo, le 31 janvier 2022 à la cour d'assises de Grenoble - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
Ce live est maintenant terminé
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La journée de ce vendredi a été consacrée à l'interrogatoire de Nordahl Lelandais. En toute fin d'audience, l'accusé a reconnu avoir "enlevé" la fillette et l'avoir tuée "volontairement".
Il maintient toutefois qu'il n'y a pas de mobile sexuel dans ce crime.
"Je ne sais pas si c'est réellement un revirement", dit l'avocat de la mère de Maëlys
Nordahl Lelandais reconnaît avoir "volontairement" tué Maëlys et l'avoir "enlevée"
Nordahl Lelandais reconnaît avoir "volontairement" tué Maëlys et l'avoir "enlevée".
- "As-tu donné volontairement la mort à Maëlys?" , lui demande son avocat.
- Oui, Maitre
- Je voudrais que tu dises reconnaitre l'intégralité des faits qui te sont reprochés
L'accusé répète la phrase derrière son avocat.
"Je vais vous surprendre, je vous crois", dit un avocat à Lelandais
Cela fait quatre heures que Nordahl Lelandais est interrogé. Ca fait longtemps que vous êtes sur le grill, je vais vous surprendre, moi je vous crois", lui lance Me Yves Crespin, avocat de l'association L'Enfant bleu.
L'avocat lui dit qu'il le croit "quand vous expliquez comment ça s'est passé", qu'il le croit "quand vous nous dites qu'en ce qui concerne les petites cousines ce n'est pas allé au delà de ce que nous avons vu dans les vidéos", qu'il vut presque le croire "quand vous dites qu'il n'y a aucune motiviation sexuelle quand vous emmenez Maëlys".
"Je voudrais comprendre pourquoi vous frappez Maëlys? C'est simple, pourquoi vous la frappez?"
Nordahl Lelandais maintient: le fait d'entendre Maëlys hoqueter à côté de lui, lui a rappelé les coups donnés à Arthur Noyer.
"Dans ces quatre minutes, vous avez tué Maëlys"
La présidente insiste auprès de Nordahl Lelandais sur les derniers instants de Maëlys. Un moment qu'il a vite évacué lors de sa déclaration spontannée en début d'audience.
- "Qu'est-ce qui se passe dans la voiture? C'est à quatre minutes après votre départ, quatre minutes puisque vous dites que c'est après le Super U, c'est toujours ça?
- Oui
- Quatre minutes après le départ, à la demande de la petite Maëlys pour aller voir les chiens, vous lui portez les coups qualifiés par le légiste d'extrêmement violents? Dans les quatre minutes, vous avez tué Maëlys?
- Si vous me dites que c'est ça, oui"
Pourquoi ne ramène-t-il pas Maëlys quand elle le demande? Quels sont les derniers mots de la petite fille? Qu'a-t-elle ressenti? A-t-elle eu peur?
"Je ne sais pas", "je n'ai aucun souvenir", répond-il à chaque question allant jusqu'à provoquer pour expliquer pourquoi la petite fille a-t-elle voulu retourner voir ses parents:
"Elle s'est certainement, elle en tant que petite fille, dit qu'elle faisait une bêtise de partir comme ça."
"Bien sûr j'ai menti", s'agace Nordahl Lelandais
La présidente de la cour d'assise revient sur tous les points où il a livré des versions contradictoires. Un petit garçon blond est-il bien monté dans sa voiture en même temps que Maëlys? Pourquoi a-t-il mis son téléphone en mode avion au moment du meurtre? Qu'a-t-il fait du short qu'il portait lors de la soirée de mariage?
"On peut revenir sur tous les points, oui j'ai menti. Pourquoi? Pour ne pas avouer mon crime. Bien sûr que j'ai menti. On peut reprendre point par point, le short, une fois le vin, une fois, la cocaïne, une fois Saint-Albin. Je sais que quoique je dise je ne vais pas être cru, je comprends, vu toutes ces différentes versions. Pourquoi? pour ne pas dire 'oui j'ai tué une petite fille'"
"Ma vie à ce moment-là ne ressemblait à rien", dit Lelandais
Nordahl Lelandais est désormais interrogé par la présidente de la cour d'assises. Valérie Blain lui fait remarquer qu'il a livré beacoup de versions divergeantes.
"Je reconnais aujourd'hui toutes mes contradictions, je reconnais que j'ai beaucoup évolué", s'explique l'accusé.
Nordahl Lelandais met aussi ses contradictions sur le compte de "l'emballement médiatique" et sa présentation dans les médias comme "un tueur en série".
Avant 2017 je n'étais pas la personne qui est dans ce box, mes amis l'ont dit, c'était 'Nono c'est le mec sympa, qui aide, protecteur, prévenant, c'était ça. (...) Ma vie à ce moment-là ne ressemblait à rien. Je ne veux pas faire offense aux familles, mais j'étais plus rien. Drogue, alcool, mensonge, petite copine, pass petite copine, plan sexe, je ne savais plus quoi faire..."
L'émotion de la famille de Maëlys face aux déclarations de l'accusé
Le moment est difficile pour la famille de Maëlys alors que Nordahl Lelandais reconnaît avoir tué "volontairement" la petite fille. Il nie toutefois tout mobile sexuel.
Au moment où l'accusé raconte le moment où il a abandonné le corps de la fillette, le père et la soeur de Maëlys se serre dans les bras. Au fil de l'interrogatoire, on voit cette jeune fille poser a tête sur l'épaule de sa mère qui serre un portrait de Maëlys dans ses bras.
"J'en veux pas de tes excuses", entend-on depuis le banc des parties civiles alors que l'accusé vient de présenter ses "excuses" aux proches de la victime et dire qu'il "espère" qu'ils arriveront "à avancer".
Nordahl Lelandais reconnaît des "coups volontaires" sur Maëlys
Selon l'accusé, la petite fille est montée de son plein gré dans la voiture. A ce moment-là Nordahl Lelandais dit qu'il avait accepté de l'emmener pour aller voir ses chiens. Il dit que c'est à travers ce sujet qu'il a parlé la première fois avec la petite fille au cours du mariage. Lui devait aller récupérer de la cocaïne à son domicile.
"Je me suis dit 'je vais chez moi, chercher de la cocaïne, je ne vais pas très loin. Ca lui fera plaisir de voir mes chiens. Je la laisse avec eux, ils sont pas méchant, je vais chercher la cocaïne, je les laisse une minute'. Je voyais les choses comme ça, sans mauvaise intention, aucune intention à part que ça lui fasse plaisir de voir les chiens."
Puis les choses ne se sont pas "du tout du tout passées comme ça aurait dû se passer". "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, j'ai tourné la tête. En avril 2017 j'avais déjà tué un homme, c'est quelque chose que j'avais en tête constamment, j'ai tourné la tête et j'ai eu cette impression complètement folle. J'ai eu cette peur, comme j'ai eu en avril, j'ai donné des coups.
"Les coups étaient volontaires, c'est pas un accident, c'est moi qui les ai donnés mais j'avais pas du tout l'intention de lui donner la mort. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais c'est moi, bien sûr c'est moi qui l'ai fait."
Nordahl Lelandais dit avoir continuer à rouler. Arrivée chez lui, "j'ai pris son pouls, mal, ça a été dit, je me suis aperçu qu'il n'y en avait pas."
Evoquant cette "malheureuse petite fille", il dit l'avoir ensuite "lâchement" déposer le long d'un chemin de fer avant de retourner au mariage pour dit-il se forger "un alibi".
Il est ensuite retourné à l'endroit où il avait déposé le corps. "Elle était toujours là, inerte, elle ne bougeait pas", dit-il avant d'afficher quelques larmes. Nordahl Lelandais met le corps de la fillette dans son coffre.
"Quand j'ai pris cette voiture et que j'ai roulé, je regardais à droite, à gauche pour regarder où je pouvais déposer cette enfant, pour cacher mon crime. Jje suis arrivé à un endroit où il y avait une barrière, je me suis arrêté dans la descente, j'ai vu que c'était assez caché".
"Je n'avais pas d'intentions malsaines", dit Nordahl Lelandais
"Je sais très bien la famille et vous les juges vous attendez des réponses, c'est ce qui s'est passé, c'est la vérité. Je sais qu'on aimerait que je dise 'c'est un crime sexuel qui s'est passé avant', pas du tout, je n'avais aucune intention malsaine."
Les parties civiles ne croient pas en cette version et sont persuadées qu'il y a un mobile sexuel derrière ce crime.
"C'est le moment de vous expliquer"
"C'est le moment de vous expliquer. Vous avez la parole." Moment attendu la présidente de la cour d'assises de l'Isère invite Nordahl Lelandais à se lever pour livrer sa version de cette nuit du 26 au 27 août 2017.
"Je tenais encore une fois présenter mes excuses à la famille de Maëlys. Je vais revenir sur ce qu'il s'est passé. C'est diffiicle pour cette famille de me croire parce que j'ai beaucoup varié dans mes déclarations, je peux le comprendre. Ca été compliqué d'expliquer le pourquoi j'avais donné la mort à Maëlys", débute-t-il dans un débit lent.
Nordahl Lelandais réaffirme ne pas avoir tué "volontairement" Arthur Noyer
En toute fin d'audience, la présidente de la cour d'assises demande à Nordahl Lelandais quelle est sa position sur la mort d'Arthur Noyer. Volontaire ou non?
"J'ai été jugé et condamné, rétorque l'accusé. Non ce n'était pas volontaire, ce n'était pas volontaire de lui donner la mort. On refait mon procès en fait à Chambéry.
La présidente semble vouloir savoir si Nordahl Lelandais a évolué sur sa position après avoir été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour meurtre. La cour d'assises de CHambéry avait retenu le fait que Nordahl Lelandais avait donné volontairement la mort.
"Une décision mixte" pour la défense, qui rappelle que l'avocat général avait requis 30 ans de prison.
"On va 'profiter' de l'enquête liée à la disparition de la petite Maëlys", dit un enquêteur
Le directeur de l'enquête sur la disparition d'Arthur Noyer témoigne. Il revient sur un début d'enquête compliqué qui va connaître une véritable accélération avec les premières investigations menées pour retrouver Maëlys et notamment l'identification du véhicule du potentiel suspect.
"On va 'profiter' de l'enquête liée à la disparition de la petite Maëlys", explique Geoffrey Bernard, alors que les gendarmes de Chambéry étaient à la recherche du propriétaire d'une Audi A3 dans laquelle aurait pu monter le jeune caporal.
Toutefois, le gendarme dit qu'une "chape de plomb" avait été mise aux dessus de l'enquête sur la disparition d'Arthur Noyer alors que les enquêteurs travaillaient sur la piste Lelandais.
"Au moment où on s'est intéressés à Nordahl Lelandais, on était en pleine tempête médiatique (sur Maëlys, NDLR). Pour éviter tout amalgame, on a mis une chape de plomb sur cette hypothèse. On était qu'une dizaine de personnes à être au courant."
Il évoque ensuite les versions évolutives données par Nordahl Lelandais concernant sa rencontre puis les circonstances qui ont conduit à la mort d'Arthur Noyer. Notamment, l'accusé évoque dans un premier temps avoir reçu les premiers coups avant de revenir sur la gravité de ces derniers.
"Tu étais mon meilleur ami, je n'ai pas su te parler", dit Lelandais au témoin
Vif échange entre Nordahl Lelandais et son ami d'enfance Julien, son "meilleur ami". "Comment tu peux faire ça à une enfant? Qu'est-ce qui t'a amené à penser de cette façon-là? On se lève pas un matin en se disant 'je vais aller agresser des enfants'. Fais en sorte d'apporter des réponses, parce que ce que t'as pu apporter comme explication, il n'y a rien de valable. Au moins pour sa famille, essaies d'amener quelque chose qui puisse qu'on te croit."
Nordahl Lelandais est invité à se lever pour répondre à son ancien ami.
- "Ce qui est arrivé ce n'est pas de ta faute, tu n'es aucunement responsable, je suis le seul responsable, iniste l'accusé. Je sais très bien que personne ne me croira sur ce que je pourrais dire. Même mes émotions, on ne les croit pas.
- Je ne suis pas en train de m'enfermer, je suis en train de m'expliquer
- Si tu avais continué ça aurait été qui? Ta famille, car ça n'a pas grande importance? Mon fils", dit Julien en haussant la voix. Tu paieras pour ce que tu as fait.
- Tu étais mon meilleur ami, je n'ai pas su te parler.
- Si tu avais parlé, les choses ne se seraient pas passé, je ne t'aurais pas laissé faire."
"C'est la dernière fois, si on doit se revoir c'est qu'à ce moment là tu seras trop proche de ma famille", le menace-t-il avant d'être repris par la présidente de la cour d'assises. En sortant, Julien est interpellé par la mère de Maëlys, qui le remercie.
"S'il n'avait pas été arrêté, qui ça aurait pu être par la suite?"
Un ami d'enfance de Nordahl Lelandais témoigne. Ils se connaissent depuis les années 2000 puis ont vécu au même moment à Chambéry avant d'être colocataires à Lyon. Julien était présent chez les parents de l'accusé quand celui-ci est libéré de garde à vue. Il avait l'air "éreinté", dit-il.
"Il nous a juré que ce n'était pas lui, qu'on allait la retrouver, qu'il n'avait rien à voir avec cette affaire, se souvient cet homme, crâne rasé, à la carrure imposante. Les choses ont fait que ça a été démontré qu'il avait bien à voir quelque chose avec cette histoire. C'est incompréhensible. S'il n'avait pas été arrêté qui ça aurait pu être par la suite, mon fils? Ca c'est difficile."
"Je suis vraiment désolé pour la famille de Maëlys", ajoute la voix pleine de sanglots. Il dit ressentir de la culpabilité alors que Nordahl Lelandais l'a contacté le soir du mariage pour qu'il passe à la fête. Julien avait décliné l'invitation.
"Je ne peux pas m'empêcher de penser que peut-être les choses ne se seraient pas passées comme ça, j'aurais peut-être pu empêcher que ça se passe", souffle-t-il.
Le "cinéma" de Lelandais dénoncé par l'ex-procureur
L'ancien procureur est interrogé sur le jour où les restes de Maëlys ont été découverts le 14 février 2018.
"Vous allez encore vous insurger mais ce jour-là, Nordahl Lelandais s'est entretenu avec son avocat et est revenu. Il s'est mis à genoux, il a pleuré et s'est adressé à Maëlys pour implorer son pardon. J'ai eu l'impression que c'était du cinéma, je n'étais pas le seul à le penser", dit Jean-Yves Coquillat.
L'ancien magistrat revient également sur "l'émotion" ressentie au cours de cette journée. C'est la première fois que je suis arrivé à une conférence de presse alors qu'il régnait un silence de mort, explique-t-il évoquant cette journée où les restes de Maëlys ont été découverts. Et j'ai vu des journalistes pleurer. Cette émotion ne m'était pas propre."
Ce jour-là, il est arrivé à Pont-de-Beauvoisin, s'est garé sur un parking où l'attendait du maire. Il lui demande un endroit pour s'isoler, le maire lui propose son bureau. Il s'entretient avec son adjoint puis lui demande de le laisser seul.
"Je me sentais submergé par l'émotion et je ne voulais pas", souffle-t-il.
Passe d'armes entre l'ex-procureur et l'avocat de Nordahl Lelandais
Vive indignation de la défense lorsque Jean-Yves Coquillat affirme que la tactique de défense de l'accusé a été mise en place par ses avocats. Une décrédibilisation de l'enquête", et "un travail médiatique qui a failli payer", s'indigne l'ancien magistrat.
"Je suis obligé d'intervenir, une attaque en règle de la défense. Je demande une suspension avec la présence du bâtonnier, c'est un réquisitoire avant l'erreur qui ne vise pas l'accusé mais la défense, c'est une attente aux droits de la défense. M. Coquillat est venu régler ses comptes. Ce n'est pas tolérable", s'insurge Me Jakubowicz.
L'audition de Jean-Yves Coquillat se poursuit normalement avec les questions des avocats des parties civiles.
Puis Me Jakubowicz interroge le témoin. Il lui rappelle qu'il n'est pas le premier procureur à être entendu comme témoin par une cour d'assises. François Molins, ancien procureur de Paris ayant été cité en novembre dernier lors du procès des attentats du 13-Novembre. "N'est pas François Molins qui veut", le tance l'avocat de la défense.
- "On a le sentiment d'une certaine forme de haine à l'égard de l'accusé, est-ce que je me trompe?", lui demande Me Jakubowicz.
- "Je n'ai aucun haine à l'endroit de Nordahl Lelandais qui m'indiffère complètement. J'essaie de mettre en application une formule de Chateaubriand 'Il faut être économe de son mépris, il y a tant de nécessité.' Ce n'est pas seulement à Nordahl Lelandais que je pense..."
Nordahl Lelandais est "un tueur d'enfant très difficile"
Jean-Yves Coquillat est revenu sur le déroulé de l'instruction et la difficulté à obtenir des réponses de la part de Nordahl Lelandais lorsqu'il était suspecté.
"Nordahl est un menteur, un séducteur, un usurpateur, très clairement quelqu'un d'organisé et qui s'adapte à toutes les situations. Lorsqu'on lui pose une question spontanément, il ne vous dira pas la vérité. Ca en fait un tueur d'enfant très difficile."
L'ancien magistrat distingue stratégie et défense. La stratégie tient "à nier l'enlèvement pour éviter d'avoir la qualification suprême". Jean-Yves Coquillat rappelle, tel un professeur de droit, que l'enlèvement peut être caractérisé "par la violence, la contrainte mais aussi la ruse". "C'est très connu comme stratégie aux Etats-Unis", dit-il. L'autre partie de la stratégie consiste aussi à nier le meurtre. "Puis quand les preuves sont là, on dit je l'ai tuée involontairement", poursuit-il.
Concernant la tactique, Jean-Yves Coquillat estime qu'elle revient à l'avocat de Nordahl Lelandais. "Il s'agit d'essayer de discréditer l'enquête et les témoins. Comment on fait? On dit que 'des témoins peuvent se tromper'. Une autre tactique employée aussi, c'est de prendre un ou 2 éléments les monter en épingle pour les fragiliser
sur deux terrains: le terrain médiatique et judiciaire."
Cela "a rendu très difficile l'enquête et retardé l'instruction."
Le meurtre de Maëlys, "ce n'est pas un fait divers comme un autre"
L'ancien procureur Coquillat revient sur cette affaire qui présente de "nombreuses particularités".
"Cette affaire représente des traits extrêmement caractériques et marquant. Le premier trait, c'est la médiatisation extrême de cette affaire. Les affaires de meurtres remuent particulièrement l'opinion publique, celle ci n'a pas dérogé à la règle."
Jean-Yves Coquillat tient pour explication à cette émotion de l'opinion publique le fait que "chacun peut s'assimiler à cette enfant, à cette famille" mais aussi, élément "très trivial", à la personnalité de Maëlys, une enfant jolie et très photogénique".
"L'autre particularité de cette affaire, c'est sa durée", poursuit Jean-Yves Coquillat. L'ancien procureur évoque la durée de cette affaire synonyme de "torture" pour la famille.
"Tout le monde a été sensible à l'épreuve, à la douleur de ses parents, je parle de toute sa famille, je pense à ses grands-parents, à Colleen, sa soeur, ça contribue à la médiatisation. Ce n'est pas un fait divers comme un autre. Les gens s'identifient à la famille, à la souffrance de la famille quand l'enfant est enlevée, à la souffrance quand le corps est découvert, quand elle n'a pas de réponse à ses questions et parfois elle ne sait jamais."
L'ancien procureur de Grenoble témoigne ce matin
La matinée sera encore consacrée à l'audition des témoins. Le procureur de la République de Grenoble de l'époque Jean-Yves Coquillat et le directeur de l'enquête vont être entendus par la cour d'assises de l'Isère.
Beaucoup de public pour assister à cette journée d'audience
Le public est très nombreux ce vendredi matin pour assister à cette journée d'audience. Le double par rapport aux autres journées de la semaine, selon les habitués.
La première personne de la file est arrivée à 2h20 cette nuit pour avoir une place dans la salle d'audience. "J'avance tous les jours mon heure d'arrivée", dit cette femme qui a assisté à toutes les audiences depuis le 31 janvier dernier.
Sa voisine est arrivée vers 3 heures du matin. C'est important pour elle d'être là. Elle explique avoir un lien particulier avec cette affaire.

Les causes de la mort de Maëlys évoquées hier
De quoi est morte Maëlys de Araujo? C'est la question qui a occupé la cour d'assises de l'Isère hier qui a entendu plusieurs experts. Le médecin légiste est revenu sur les causes de la mort de la fillette.
L'autopsie a permis d'établir trois hypothèses sur ces causes: des lésions neurologiques liées aux coups reçus, une hémorragie provoquant un arrêt cardiaque ou une obstruction des voies respiratoires par des ossements ou du sang. La première étant favorisée par l'expert, ne pouvant donner une réponse avec certitude, seuls des ossements de la fillette ayant été découverts.
Le médecin légiste estime toutefois que la fillette a pu survivre un moment après avoir reçu les coups. Nordahl Lelandais avait, lui, assuré que la fillette était inconsciente après avoir reçu ces coups et qu'il avait tenté de prendre son pouls. L'expert "ne peut pas exclure" que Maëlys soit décédée plusieurs dizaines de minutes après avoir été frappée.
Il est "tout a fait possible" que Lelandais, tentant de prendre le pouls carotidien de la fillette après voir constaté qu'elle était inconsciente, n'ait pas réussi à le percevoir en raison de la "chute tensionnelle très importante" qu'elle connaissait à ce moment, relève-t-il encore.
Nordahl Lelandais peut-il craquer?
Depuis le début de l'examen des faits relatifs au meurtre de Maëlys de Araujo, Nordahl Lelandais est resté campé sur ses positions. Pour les parties civiles, il n'a pas encore dit toute la vérité.
Maëlys est-elle montée de son plein gré dans son véhicule? L'accusé a affirmé que oui, "pour aller voir ses chiens". Une version à laquelle n'adhèrent pas les proches de l'enfant qui la décrivent comme "réservée" et "méfiante".
"Si Maëlys avait crié, on l'aurait entendue", a reconnu un cousin de la mère de l'enfant présent au mariage.
Nordahl Lelandais a-t-il abusé de Maëlys comme il l'a fait avec ses deux petites cousines. Des faits qui remontent, pour l'une des victimes, à une semaine avant le meurtre de Maëlys. "Une fois, deux fois, trois fois, pourquoi s'arrêter", l'a pressé Me Caroline Rémond, avocate des parties civiles.
"Et pourquoi pas s'arrêter", lui a rétorqué un Nordahl Lelandais, agacé.
Dixième jour du procès de Nordahl Lelandais
Nordahl Lelandais est jugé depuis neuf jours pour le meurtre de Maëlys de Araujo et l'agression sexuelle de deux petites cousines.
La première semaine du procès a été consacrée à la personnalité de Nordahl Lelandais, son enfance, son parcours scolaire, professionnel, social. La cour a ensuite examiné les faits d'agression sexuelle commis en juillet et en août 2017 sur deux petites cousines.
Depuis mardi, la cour et les jurés tentent de comprendre comment est morte Maëlys de Araujo, dans quelles conditions et si elle a subi des sévices sexuels.
Pour la première fois, Nordahl Lelandais va être interrogé longuement sur ces faits ce vendredi