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Procès

"Elle était souvent enfermée": la sœur et le frère d'Amandine racontent les violences commises par leur mère

La jeune Amandine en classe de quatrième.

La jeune Amandine en classe de quatrième. - BFMTV

Ambre et Ethan, la grande sœur et le petit-frère d'Amandine, ont témoigné au procès de leur mère qui est jugée pour "actes de torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort" de l'adolescente de 13 ans.

Ils ont été témoins de l'horreur. Alors que le procès de la mort d'Amandine, une adolescente de 13 ans, se poursuit devant la cour d'assises de l'Hérault, c'est au tour de sa sœur et de son frère de prendre la parole.

Aujourd'hui c'est Ambre, 19 ans, qui est à la barre. La grande sœur d'Amandine partage un témoignage glaçant. Elle raconte les horreurs subies par sa sœur dont elle était très proche. Hier, Sandrine Pissarra, la mère d'Amandine, a reconnu - sans toutefois donner d'explications - des "violences" et des "actes de torture et de barbarie" contre sa fille, morte affamée au domicile familial de Montblanc (Hérault).

"J'ai aussi subi des coups, des punitions, au piquet... Mais moi et mon frère on avait tout ce qu’on voulait. Pas Amandine."

"J'ai beaucoup pleuré"

La jeune femme raconte que sa petite sœur était nue dans la maison et que leur mère empêchait Amandine d’avoir des vêtements pour qu'elle ne puisse pas cacher de la nourriture dans ses poches. Alors que les deux sœurs dormaient initialement ensemble, il arrivait qu'Amandine se retrouve enfermée dans un débarras toute la journée sans avoir le droit de manger avec le reste de la famille.

Ambre l’entendait hurler sous les coups. La grande sœur explique toutefois qu'elle ne s'était pas rendu compte de la maigreur extrême d'Amandine. Leur mère lui faisait du chantage: "si tu fais tes lignes (de punition, NDLR), tu auras à manger", rapporte Ambre.

Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Zacharie Legros vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Le calvaire d'Amandine, morte de faim à 13 ans
15:47

Le 6 août 2020, le jour de la mort d'Amandine, Ambre raconte qu'elle monte sa sœur à l'étage pour la doucher. De la mousse sort alors de la bouche d'Amandine, leur mère panique et part chercher la voiture pour emmener sa fille à l'hôpital. Le beau-père demande d’appeler les pompiers mais il est trop tard, Amandine est déjà morte. La mère demande alors aux enfants de mentir et de réciter un scénario face à la police. 

"J’ai beaucoup pleuré", dit la jeune femme à la barre, d'un ton impassible.

La mère d'Amandine, qui sera interrogée plus longuement jeudi sur les faits, confirme tout ce que vient de dire Ambre.

"Ma mère frappait sa tête pour un oui ou pour un non"

Ethan vient alors à la barre, c'est le petit frère d'Amandine, il a 15 ans. Lui aussi raconte ce climat de violence et de terreur instauré par leur mère qui frappait sa grande sœur.

"Ma mère frappait sa tête contre les murs, pour un oui ou pour un non. Moi aussi j'étais frappé, mais moins qu'elle. Une fois, ma mère a cassé une guitare sur mon dos, j'avais 8 ans".

À la différence d'Ambre, Ethan raconte avoir eu "peu de lien" avec Amandine qui "était souvent enfermée". À la barre, l'adolescent déclare que sa mère "mérite sa peine, mais pas (s)on beau père".

Mardi, une autre fille et un autre fils de Sandrine Pissarra ont également fait part de violences et de privations de nourriture subies pendant son enfance: "personne ne pouvait nous sauver, on ne pouvait qu'attendre nos 18 ans pour prendre notre envol et espérer que ceux qui restent survivent".

Jean-Michel Cros, âgé de 49 ans et beau-père d'Amandine, encourt quant à lui 30 ans de réclusion pour avoir "privé de soins ou d'aliments" sa belle-fille. "J'ai une culpabilité énorme là-dessus", a-t-il avoué. Le verdict est attendu vendredi au plus tard.

Mélanie Bertrand avec Hugues Garnier