Procès Tapie: 525 millions d'euros vont lui être réclamés

525 millions d'euros. C'est la somme colossale qui, selon nos informations, va être réclamée lors de ce procès à Bernard Tapie par le Consortium de Réalisation (CDR), structure de l'Etat qui gère l'héritage - dettes et engagements - du Crédit Lyonnais. Une somme qui correspond aux 404 millions d'euros - plus les intérêts - que l'homme d'affaires avait touchés de l'Etat en 2008, à l’issue d'un arbitrage privé en sa faveur, et considéré aujourd’hui comme frauduleux par la justice.
Et cet arbitrage va encore être au coeur des débats durant le procès qui s'ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour escroquerie et détournement de fonds publics. Car même si la justice l’a définitivement annulé en 2008, parce que l’un des trois arbitres, Pierre Estoup, avait omis de déclarer ses liens avec Maurice Lantourne, avocat de Bernard Tapie, elle se demande aujourd’hui si tout n'était pas carrément truqué d’avance:
"Le parquet et les juges d’instruction (qui ont enquêté durant près de 5 ans, NDLR) pensent avoir trouvé dans le dossier la démonstration qu’il y a eu une fraude par l’arbitrage, c’est à dire que le fait d’aller à l’arbitrage était prémédité", explique Jean-Pierre Martel, avocat de l’une des parties civiles, à BFMTV.
Ce que dit l’accusation
Prémédité parce que selon l’accusation, Bernard Tapie a créé les conditions de sa victoire. D’abord en réussissant à convaincre au plus haut sommet de l’Etat, c’est à dire la ministre de l’Economie de l’époque, Christine Lagarde, de passer par un arbitrage privé en 2008 au lieu de faire confiance à la justice ordinaire. Le but? Régler son vieux contentieux datant de 1993 pour la revente d’Adidas avec le Crédit Lyonnais, alors banque publique, et dont l’Etat avait repris les dettes à travers le Consortium de Réalisation. Ensuite, en s’assurant que l’un des trois arbitres privés qui a tranché ce contentieux, Pierre Estoup, soit acquis à sa cause.
Des accusations démenties par Bernard Tapie qui veut profiter de ce procès pour refaire le match avec le Crédit Lyonnais à l'origine de cet arbitrage.
"Est ce que j’ai récupéré, avant même qu’on casse l’arbitrage, plus d’argent que ce que le Crédit Lyonnais a gagné? (...) On saura déjà à la fin de ce procès si j’ai coûté ou si j’ai rapporté au contribuable. Est-ce que j’ai coûté ou est-ce que j’ai rapporté à la France. Je ne vous cache pas que 90% de mon envie d’être à ce procès, c’est pour arriver à ça", confiait-il il y a quelques jours sur BFMTV.
Ce que dit Tapie
L’homme d’affaires comparaît aux côtés de cinq autres prévenus, parmi lesquels son ancien avocat, Maurice Lantourne, ou encore l’ex-arbitre Pierre Estoup. Tous trois risquent jusqu’à 7 ans de prison et 350.000 euros d’amende.