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Police-Justice

Procès Péchier: l'ex-anesthésiste admet que le quatrième patient a été empoisonné, mais nie toute responsabilité

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier arrive à son procès à la cour d'assises du Doubs, le 8 septembre 2025 à Besançon

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier arrive à son procès à la cour d'assises du Doubs, le 8 septembre 2025 à Besançon - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP

Frédéric Péchier, dont le procès se déroule depuis le 8 septembre dernier, devant la cour d'assises du Doubs, a admis l'empoisonnement d'un quatrième patient tout en niant son implication.

Un procès hors norme. L'empoisonnement est la seule explication possible à l'arrêt cardiaque suspect d'un patient au bloc opératoire en 2009, a admis l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier, ce lundi 13 octobre devant la cour d'assises du Doubs. Il continue toutefois de nier toute responsabilité.

"J'ai écouté les experts", et l'hypothèse que ce patient, Eric Gendronneau, ait été victime d'une intoxication aux anesthésiques locaux "est la seule option qui reste, tout le reste a été éliminé", a concédé l'accusé de 53 ans, sans jamais se départir de son calme.

Depuis l'ouverture du procès le 8 septembre, la cour s'est penchée sur les cas de neuf patients, et c'est le quatrième pour lequel Frédéric Péchier - accusé d'avoir empoisonné au total 30 personnes, dont 12 sont mortes - admet finalement la réalité d'un empoisonnement. Pendant les 18 ans d'enquête judiciaire, il avait pourtant constamment rejeté une telle hypothèse, pour l'ensemble des cas versés au dossier.

Un accusé "acculé"

Après l'arrêt cardiaque d'Éric Gendronneau, le 8 septembre 2009, des anesthésiques locaux ont été retrouvés dans deux seringues et une poche de perfusion - qui n'a néanmoins pas servi pour ce patient - séquestrées au bloc opératoire, alors que ces produits n'avaient pas été utilisés par les médecins.

"Tout d'un coup, parce que vous êtes acculé, vous êtes obligé d'admettre l'existence d'un empoisonnement, mais non pas votre culpabilité", l'a attaqué l'une des deux avocates générales, Thérèse Brunisso.

Frédéric Péchier a expliqué qu'il ne pouvait pas être l'empoisonneur, car ce jour-là, il était certes présent à la clinique, mais pas dans le bloc opératoire où était pris en charge ce patient. S'il y était entré pour s'en prendre à Éric Gendronneau, il aurait forcément été repéré, a-t-il fait valoir. D'ailleurs, "jamais" personne ne l'a vu "entrer ou tripoter des poches", a renchéri son avocat, Randall Schwerdorffer.

Quelques jours d'intervalle

La cour s'est également penchée sur un autre arrêt cardiaque suspect, celui de Sylvie Gaillard, survenu dans la même clinique quelques jours plus tard. Pour Frédéric Péchier, cette patiente n'a pas été empoisonnée, mais a eu un "trouble du rythme" cardiaque lié à un déficit en potassium. Les experts médicaux ne s'accordent pas sur ce cas: deux concluent à une intoxication à l'adrénaline, deux autres privilégient une cause médicale.

Deux arrêts cardiaques, à quelques jours d'écart, cela "interroge", relève Christine de Curraize, autre avocate générale. Et dans les deux cas "vous êtes juste à côté", lance-t-elle à l'accusé. Frédéric Péchier comparait libre mais risque la réclusion criminelle à perpétuité.

S.M avec AFP