Procès Mahé : un acquittement et trois peines avec sursis

La cour d'assises de Paris a prononcé un acquittement et trois peines de prison avec sursis à l'encontre des quatre militaires français accusés d'avoir tué un criminel ivoirien présumé en 2005.

La cour d'assises de Paris a prononcé vendredi un acquittement et trois peines de prison avec sursis au procès des quatre militaires français jugés pour le meurtre en 2005 d'un criminel ivoirien présumé, Firmin Mahé.

Le colonel Eric Burgaud, qui avait transmis l'ordre de tuer Firmin Mahé, est condamné à cinq ans avec sursis, l'adjudant-chef Guy Raugel, qui l'a étouffé avec un sac plastique, à quatre ans avec sursis, le brigadier-chef Johannes Schnier, qui maintenait Firmin Mahé durant son assassinat, à un an avec sursis. Le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule blindé où se sont déroulés les faits, a été acquitté.

"Roulez doucement... Vous m'avez compris."

Retour sur les faits, en 2005. Des militaires appartenant à la force française Licorne, déployée en soutien de l'ONU en Côte d'Ivoire, sont chargés de surveiller une zone entre le Nord du pays, tenu par la rébellion, et le Sud.

Le 13 mai, ils mettent la main sur Firmin Mahé, dans la région de Bangolo, qu'ils tiennent pour un "coupeur de routes", un dangereux criminel qui dépouillait et terrorisait les populations. Alors qu'ils le transportent dans un camion blindé, les soldats, sur ordre du colonel Eric Burgaud, l'exécutent en l'étouffant dans un sac plastique.

Devant la cour, ils ont expliqué qu'ils étaient excédés de voir les auteurs d'exactions dont ils étaient témoins remis en liberté sitôt arrêtés, espérant que leur procès ferait "réfléchir" à l'engagement des soldats dans des opérations extérieures très dures, en Afghanistan notamment.

Le colonel, qui avait d'abord nié toute responsabilité, a reconnu avoir transmis à l'adjudant-chef Raugel l'ordre que Mahé n'arrive pas vivant à destination. Il affirme avoir lui-même tenu cet ordre implicite du général Henri Poncet, son supérieur, qui lui aurait dit : "roulez doucement... Vous m'avez compris". Le général a démenti ces paroles et a bénéficié d'un non-lieu.