Procès du chantage à la sextape: le maire de Saint-Étienne se dit prêt à démissionner "si la moindre culpabilité était retenue"

Jamais encore le maire de Saint-Étienne n'avait ouvertement évoqué la démission. Gaël Perdriau a déclaré face à la présidente du tribunal correctionnel ce vendredi 26 septembre qu'il abandonnerait ses mandats "si la moindre culpabilité était retenue contre moi", relaie Ici Loire. Il précise que cette décision s'appliquerait "quand bien même [il] ferait appel".
Une déclaration à rebours de l'attitude adoptée par l'édile depuis l'éclatement de l'affaire de chantage à la sextape révélée en 2022 lorsque Médiapart publie une vidéo prise à l'insu du premier adjoint de Saint-Étienne, Gilles Artigues, avec un escort boy dans un hôtel parisien.
Gaël Perdriau est soupçonné d'avoir demandé à sa garde rapprochée de piéger ce rival pour détenir des éléments compromettants de nature à anéantir ses ambitions politiques pour le fauteuil de maire de cette ville de 175.000 habitants.
Il s'est accroché à son mandat
Pendant trois ans d'enquête, la vie politique stéphanoise a été perturbée par ce scandale mais Gaël Perdriau s'est accroché à son mandat, clamant son innocence et s'en remettant à la justice. Son parti, Les Républicains, l'a exclu peu après les révélations de la presse. Il s'est mis en congé de ses fonctions à la métropole mais n'a pas lâché la mairie. Une dizaine d'élus de sa majorité ont claqué la porte en guise de protestation. Il n'a pas fait une croix sur les élections municipales de 2026.
Près de trois ans après l'éclosion du scandale, il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour "chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique et participation à une association de malfaiteurs", un délit puni d'au moins cinq ans de prison.
Les co-accusés désignent le maire
Depuis lundi il est jugé à Lyon avec trois anciens membres de son entourage. Entendus un par un, ces trois co-accusés ont tous reconnus avoir comploté pour filmer l'ancien Premier adjoint Gilles Artigues, un catholique qui s'était opposé au mariage homosexuel, avec un prostitué, afin de le "tenir" politiquement. Surtout, ils ont assuré que le maire avaient joué un rôle dans ce "kompromat".
Le maire de Saint-Étienne nie toute implication. Lors du deuxième jour du procès, il a déclaré que "ça s'est fait sans [lui]". "Chacun d'eux avait des raisons personnelles d'organiser cette vidéo", ambition, appât du gain ou rancunes, a-t-il soutenu.
Le procès durera jusqu'à lundi et le jugement sera sans doute mis en délibéré.