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Police-Justice

Procès de la mort d'Inaya: le père condamné à 30 ans, la mère à 20 ans

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Grégoire Compiègne, 26 ans, et Bushra Taher-Saleh, 29 ans, ont été condamnés respectivement à 30 et 20 ans de prison pour la mort sous les coups de leur fille, Inaya. Le corps de la fillette de 20 mois avait été retrouvé enterré dans un parc forestier d’Avon, le 23 décembre 2012.

Après sept jours éprouvants, le verdict de la cour d’assises de Seine-et-Marne est tombé. Grégoire Compiègne et Bushra Taher-Saleh ont été respectivement condamnés à des peines de trente et vingt ans de réclusion criminelle, au procès de la mort sous les coups de leur fille Inaya. Une peine beaucoup plus lourde que les réquisitions de l’avocat général Marc Mulet, qui avait demandé respectivement 25 et 15 ans de prison, avec la déchéance de leur autorité parentale, les jugeant "co-responsables" de la mort de leur enfant. 

Pendant toute l'audience, l'un et l'autre n'ont cessé de se renvoyer la responsabilité des coups qui ont entraîné le décès, qui n'a jamais pu être daté avec précision. Pour le père, Grégoire Compiègne, 26 ans, Inaya est morte des suites d'une brûlure au front, pendant sa douche, et de secouements très violents. Pour la mère, Bushra Taher Saleh, 29 ans, la fillette a été tuée par son père, à coups de poing et de pieds. "L'un ou l'autre ment, voire les deux", avait commenté la présidente Catherine Katz, pendant l'audience.

"Il me menaçait tout le temps"

D'après les médecins légistes, Inaya est morte des suites d'un traumatisme crânien, survenu dans "un probable contexte de violences régulières". A l'autopsie, des fractures au niveau des côtes ont été constatées. 

"Je n'ai pas tué ma fille. Tout ce que j'ai fait, c'est que je ne les ai pas protégés", a déclaré Bushra Taher-Saleh en pleurs devant la cour d'assises, en évoquant Inaya et ses deux autres enfants. "J'avais peur de lui, il me menaçait tout le temps".

La jeune femme n'a cessé de se décrire comme influençable, sous l'emprise de son compagnon décrit comme un "hyperviolent", semblant présenter des "troubles psychopathiques", selon un expert psychiatre. Parents adoptifs, éducateurs, chefs d'établissements scolaires, tous sont unanimes: Grégoire Compiègne est un homme impulsif et violent.

Son casier judiciaire est bien rempli: une dizaine de gardes à vue, deux incarcérations et des condamnations pour vol avec violences aggravées, violence envers une femme, violence sur ses enfants. Grégoire Compiègne, "a eu une enfance difficile", abandonné puis placé dans une famille adoptive violente, a plaidé son avocat Me Fatthi Irguedi. 

"Un couple pathologique"

Un père violent, une mère soumise? La défense de Bushra Taher-Saleh, qui se pose en victime d'un père-bourreau, n'a visiblement pas convaincu les membres du jury. Pour un expert psychiatre, les deux membres de ce "couple pathologique" présentaient de troublantes similitudes dans leurs personnalités, dotés l'un comme l'autre d'une tendance à l'auto-apitoiement et d'une faible tolérance à la frustration.

"C’est toujours la faute des autres, les deux n’ont jamais de remise en question personnelle. Chacun se présente comme un bon père ou une bonne mère", a expliqué le spécialiste à la barre.

Le petit corps d'Inaya, 20 mois, avait été retrouvé enterré dans un parc forestier d’Avon, le 23 décembre 2012. Pendant un an, la petite fille gisait, enfouie au pied d’une souche d’arbre dans un sac poubelle "comme une portée de chatons", avait noté l'avocat général, sans que personne, de l’aide sociale à l’enfance censée la suivre et la visiter régulièrement à la juge des enfants, ne remarque sa disparition. 

C. P.