Procès de l'Ecole en bateau: l'heure du verdict

Léonide Kameneff - -
La cour d'assises des mineurs de Paris rend vendredi son verdict dans le procès de "l'Ecole en bateau". Son fondateur est jugé avec trois autres anciens équipiers. Ils sont soupçonnés d'abus sexuels sur neuf enfants ayant participé dans les années 80 et 90 à ce projet de pédagogie alternative.
Léonide Kameneff, 76 ans, créateur de cette "école sans tabliers" a fait naviguer plus de 400 enfants sur les océans entre 1969 et 2002. Accusé d'abus sexuels par plusieurs d'entre-eux, l'homme s'est longtemps retranché derrière l'idéologie libertaire des années 70 et sur des démonstrations "d'affection" ayant "un peu débordé" pour justifier caresses et masturbations. Lors du procès, Léonide Kameneff est finalement passé aux aveux et a reconnu avoir abusé de trois d'entre-eux.
Sévissait "une pédophilie en col blanc"
Plus de vingt ans après les faits, les neuf plaignants, âgés aujourd'hui de 33 à 46 ans, ont raconté à la barre le climat libertin et "l'emprise" psychologique exercée à bord du Karrek Ven, le bateau amiral de l'association. Ils décrivent ainsi l'ambiance où la nudité et les relations sexuelles entre les adultes et enfants étaient valorisées. "Les sexe était devenu l'étalon pour l'intégration à l'aventure", a accusé l'avocat général dans son réquisitoire.
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Derrière "la vitrine incroyablement rutilante" de "l'Ecole en bateau", sujet de nombreux reportages de presse ou de télévision, sévissait "une pédophilie en col blanc", a déploré lors du procès, l'avocat des parties civiles. "Ca passait à Thalassa, alors comment pouvait-on penser que de tels abus étaient possibles ?"
"Il y avait de l'amour"
Même si les faits sont rposcrits, près d'une trentaine d'autres anciens élèves, parmi les centaines qui ont participé à l'aventure, ont aussi dénoncé des abus sexuels.
Jeudi, l'avocat de Léonide Kameneff, Yann Choucq, a répondu lors des plaidoiries, avoir "la certitude, aussi énorme que cela puisse paraître, qu'il y avait de l'amour" dans la relation de son client avec ses élèves. Mais "les ayant trop aimés, vous les avez mal aimés", a t-il lancé.
"L'énorme gâchis" de cette expérience "formidable"
Autre accusé dans ce dossier, Bernard Poggi, 60 ans, l'ex-bras droit de Kameneff. Aujourd'hui marié et père de trois enfants, il a admis à l'époque, qu'il était "un salopard, un pédophile, un prédateur". Lors de l'audience, ce dernier a constaté "l'énorme gâchis" de cette expérience "formidable".
La défense de Bernard Poggi, contre lequel le parquet a requis trois ans de prison ferme, a notamment réclamé qu'on lui "redonne sa place", celle d'un enfant qui fut lui-même abusé à son adolescence par Léonide Kameneff, comme il l'a révélé au cours du procès.
10 à 12 ans de réclusion criminelle
Le parquet a requis de 10 à 12 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Léonide Kameneff. Une peine de trois ans de prison avec sursis a également été requise contre Jean-François Tisseyre, 58 ans, un autre encadrant aujourd'hui lourdement handicapé qui a contesté les faits tout au long du procès.
Le jury, qui devra répondre à soixante questions, se retirera pour délibérer après une dernière prise de paroles des accusés vendredi matin.
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