Procès Bettencourt: prison requise pour Banier et relaxe pour Woerth

Trois ans de prison et 375.000 euros d'amende ont été requis à l'encontre de François-Marie Banier, ici assis sur les marches du palais de justice de Bordeaux, dans le procès Bettencourt - Mehdi Fedouache - AFP
Les réquisitions tombent au procès Bettencourt qui se tient depuis près d'un mois devant le tribunal de Bordeaux. Le procureur adjoint Gérard Aldigé a requis vendredi la relaxe du député UMP Eric Woerth, poursuivi pour "recel" dans le procès Bettencourt, et l'entrepreneur audiovisuel Stéphane Courbit, jugé pour "abus de faiblesse", estimant que "les charges ne sont pas suffisantes, le doute bénéficiant par principe au prévenu".
Concernant François-Marie Banier, trois ans de prison, la peine maximale, et 375.000 euros d'amende ont été requis à son encontre, dans cette affaire où il est jugé pour des faits d'abus de faiblesse portant sur 12 millions d'euros.
Le représentant de l'accusation a rappelé qu'en juin 2013, à l'issue de l'instruction du volet "abus de faiblesse" de l'affaire Bettencourt, il avait déjà "requis un non-lieu" en faveur d'Eric Woerth et Stéphane Courbit. Il a également plaidé la relaxe pour trois autres prévenus, l'avocat Pascal Wilhelm, le notaire Patrice Bonduelle et Alain Thurin, ex-infirmier de Liliane Bettencourt.
Apporter la preuve d'une remise d'argent
Eric Woerth est poursuivi pour avoir reçu début 2007 une somme, au moins 50.000 euros, du gestionnaire de fortune de la femme la plus riche de France, Patrice de Maistre. Ce dernier aurait pu obtenir cet argent en abusant de la faiblesse de sa patronne. Le député UMP de l'Oise était à l'époque ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy et trésorier de sa campagne électorale.
"Quel est ce délit" de recel? s'est interrogé le procureur adjoint, estimant que le dossier d'instruction reste flou à ce sujet. Car, selon lui, pour faire condamner l'ex-ministre, "il faudrait apporter la preuve que ces remises d'argent ont bien eu lieu" et "il faudrait démontrer qu'Eric Woerth avait connaissance que cet argent provenait d'une infraction pénale". Or, "il n'existe aucune charge et preuve suffisante de sa culpabilité", a conclu, au terme de six heures de réquisitoire, Gérard Aldigé.
Quant à Stéphane Courbit, "il me paraît improbable qu'une juridiction puisse retenir une quelconque responsabilité" de sa part, a-t-il dit, jugeant qu'il n'avait pas conduit Liliane Bettencourt à des actes "préjudiciables" lorsqu'elle a investi 143 millions d'euros dans sa société.
Banier, un "menteur" et "flagorneur"
Au total dans cette affaire, le procureur adjoint a réclamé de la prison ferme à l'encontre de quatre des dix prévenus et un an avec sursis contre un des notaires de Liliane Bettencourt. Selon lui, "ils ne pouvaient ignorer la situation de faiblesse" de la femme la plus riche de France à l'automne 2006 "quand ils ont accepté ses cadeaux".
Principale cible du Parquet, François-Marie Banier, poursuivi pour avoir obtenu de la milliardaire 400 millions d'euros, a subi les foudres de l'accusation, qui l'a décrit comme un "chef de meute responsable de la destruction d'une famille entière". "Pour obtenir ce qu'il convoitait", "nous avons des preuves à foison qu'il a réussi à faire le vide autour d'elle, l'isolant de sa fille, dénigrant jusqu'à André Bettencourt, son mari", a estimé le représentant du Ministère public.
Qualifié de "menteur" et de "flagorneur", qui tenait sous son "emprise totale" une Liliane Bettencourt "vulnérable" pour lui soutirer donations, faramineux contrats d'assurance-vie, tableaux de maîtres, il usait selon le procureur adjoint de "toute la panoplie d'un gourou". Il identifie les "failles de sa cible", la séduit et la flatte. "Dès lors qu'elle est dans ses filets, il ne l'a plus lâchée, elle est devenue sa chose", a insisté Gérard Aldigé.
Des plaidoiries jusqu'au 25 février
Concernant l'ex-infirmer de Liliane Bettencourt, Alain Thurin, entre la vie et la mort depuis une tentative de suicide le 25 janvier à la veille du procès, le représentant du Ministère public a demandé qu'il soit jugé ultérieurement, même s'il a rappelé avoir requis un non-lieu à son égard à l'issue de l'instruction.
Une peine de deux ans de prison ferme et 375.000 euros d'amende a également été requise contre Carlos Vejarano, ainsi qu'un an avec sursis et 50.000 euros d'amende contre le notaire Jean-Michel Normand, "caisse enregistreuse" des actes d'abus de faiblesse des principaux prévenus.