BFMTV
Police-Justice

Procès Alain Pénin: la question de la récidive à la barre

Les trois magistrats professionnels de la Cour d'assises du Nord, qui jugent Alain Pénin depuis lundi.

Les trois magistrats professionnels de la Cour d'assises du Nord, qui jugent Alain Pénin depuis lundi. - -

L'homme jugé pour le meurtre de la joggeuse Natacha Mougel avait déjà été condamné une première fois pour viol. "Détenu modèle", il avait bénéficié d'une libération conditionnelle. Le juge qui l'a fait libérer a témoigné mardi.

Le procès d'Alain Pénin, meurtrier présumé de la joggeuse Natacha Mougel, pose une nouvelle fois l'insoluble question de la lutte contre la récidive. L'homme, jugé depuis lundi devant les assises du Nord, a en effet déjà été condamné en février 2006 à 10 ans de réclusion criminelle pour le viol d'une femme en 2004. Et avait bénéficié d'une libération conditionnelle en septembre 2009.

Ce mardi matin, au second jour de son procès, était entendu le juge d'application des peines qui avait décidé de sa libération. Loïc Binault, alors en poste à Lille, a expliqué mardi à la cour pourquoi il avait, de bonne foi, estimé que la libération conditionnelle d'Alain Pénin ne présentait aucun danger – montrant combien il est difficile d'évaluer le risque de récidive.

Un détenu modèle

"Pas d'incident en détention", "des efforts sérieux de réinsertion" avec "une promesse d'embauche aux Restos du Cœur" en CDI et une "place en foyer": selon Loïc Binault, Alain Pénin apparaissait ainsi comme un détenu modèle.

L'homme était suivi et se tenait rigoureusement aux "soins en liens avec sa condamnation": il rencontrait un psychiatre tous les quinze jours, un conseiller en réinsertion toutes les trois semaines, participait à des groupes de parole.

"Manipulation" ou "pulsion"?

Loïc Binault indique avoir, en outre, appuyé sa décision sur des expertises psychiatriques et psychologiques, qui faisaient état d'un risque de récidive limité. Ajoutant qu'en "matière de délinquance sexuelle", le taux de récidive "est très faible", et "plus encore quand les peines sont aménagées", note la journaliste du Nouvel Observateur Anne-Sophie Hojlo, qui suit le procès, sur son compte Twitter.

"Le taux de récidive est très faible en matière de délinquance sexuelle, encore plus qd les peines sont aménagées", rappelle le JAP #penin
— Anne-Sophie Hojlo (@ashojlo) 21 Janvier 2014

Comment alors expliquer que le jugement des experts ait été erroné à ce point? Pour Loïc Binault, qui aujourd'hui "regrette" sa décision, Alain Pénin a soit "trompé tous les professionnels qui étaient à ses côtés", soit été "envahi de pulsions par la suite". "J'ai disséqué le dossier, aujourd'hui je n’ai toujours pas la réponse. J'espère que le procès permettra d'en obtenir une", a conclu le magistrat.

"J'ai disséqué le dossier, aujourd'hui je n'ai toujours pas la réponse, j'espère que le procès permettra d'en obtenir une" #penin
— Anne-Sophie Hojlo (@ashojlo) 21 Janvier 2014

Mathilde Tournier et avec AFP