Probation : Taubira entend punir sans emprisonner

Christiane Taubira, Garde des Sceaux - -
Punir sans peine de prison, tel est le sens du projet de la Garde des Sceaux. Elle veut généraliser les peines de probation pour la petite délinquance. Ses peines permettent pour un délinquant qu'on juge réinsérable d'échapper à l'emprisonnement, en échange d'un certain nombre d'obligations de soin, de travail, de remboursement des victimes et d'un suivi intense. L'objectif affiché est de lutter contre la récidive.
Selon la principale étude française, 63% des personnes sortant de prison sans aménagement de peine sont à nouveau condamnées dans les 5 ans. Ce chiffre est ramené à 39% pour les sortants en libération conditionnelle. Christiane Taubira présentera le contenu de son projet le 18 septembre lors d'une "conférence de consensus" sur les questions de récidive et de dangerosité rassemblant experts, spécialistes institutionnels et intervenants de terrain.
« C’est une bonne réponse »
« C’est une bonne réponse car on sait que ce sont les peines courtes, qui permettent d’emprisonner pour quelques mois, qui conduisent au plus grand nombre de récidives, estime Jean-Jacques Urvoas, président socialiste de la commission des Lois. C’est ce que nous disent les études depuis une dizaine d’années. Et vous avez aujourd’hui en France
20 000 détenus qui purgent une peine de moins d’un an. La Garde des Sceaux a donc raison de rechercher une solution plus efficace et qui favorise la baisse de la surpopulation carcérale ».
« La courte peine d’emprisonnement est nécessaire »
« C’est inutile, ça existe déjà. Madame Taubira pense que la courte peine engendre la récidive. C’est faux, assure Jean-Paul Garraud, magistrat et secrétaire national de l'UMP à la justice. C’est une vision idéologique des choses. Ceux qui sont condamnés à de l’emprisonnement ferme récidivent d’avantage que les autres car ils ont été condamnés à de l’emprisonnement ferme parce qu’ils sont déjà ancrés dans un parcours de délinquance. La courte peine d’emprisonnement, quand on a tout essayé avant, est nécessaire et peut être un facteur de lutte contre la récidive ».