Pratique de nuit, animaux percutés en voiture... Six chasseurs interpellés pour "des faits de braconnage"

Un fusil de chasseur (photo d'illustration) - Pascal POCHARD-CASABIANCA © 2019 AFP
Six hommes ont été interpellés au terme de deux ans d'enquête pour "des faits de braconnage d'une particulière gravité" commis dans le Cher, a annoncé l'Office français de la biodiversité ce vendredi 28 février.
L'enquête a été ouverte par l'OFB au début de l'année 2023 suite à la découverte de traces de véhicules dans des zones naturelles interdites à la circulation en forêt de Sologne, puis menée sous l'autorité du pôle régional environnement du tribunal judiciaire de Châteauroux.
Elle a permis de montrer que "ces chasseurs aguerris menaient ces actions de braconnage par recherche de sensations fortes".
Ces six hommes "appartenant tous au monde de la grande vénerie (chasse à courre, NDLR) et parfaitement connaisseurs de la réglementation en matière de chasse" n'hésitaient pas "à tuer les animaux en les percutant en voiture ou par arme à feu" en dehors de tout cadre légal, a précisé l'OFB dans un communiqué.
Des armes et des trophées de chasse détenus illégalement
"Ils pensaient pouvoir agir impunément compte-tenu des très fortes populations de sangliers et de grand gibier dans le département", selon l'OFB, qui indique que la viande était destinée à leur consommation personnelle, mais aussi broyée pour nourrir leurs chiens.
Les perquisitions de leurs domiciles "réalisées par l'OFB et la gendarmerie" ont conduit à la saisie d'une trentaine d'armes, "dont certaines illégalement détenues". Les chasseurs se donnaient notamment rendez-vous la nuit, ce qui est illégal. À cet égard, des lunettes de vision nocturne ont également été saisies.
Les enquêteurs ont également retrouvé des trophées de chasse dont les six hommes ne peuvent justifier l'origine. Normalement, un cerf tué a été autorisé par l'achat d'un bracelet. "Chaque animal tiré dans le cadre du plan de chasse attribué par la Fédération départementale des Chasseurs doit être marqué d’un bracelet à l’endroit même où il a été tué avant tout déplacement de celui-ci. Il est interdit de transporter le gibier sans avoir posé ce bracelet qui comporte un code assurant la traçabilité de l’espèce", précise à ce titre la fédération nationale des chasseurs sur son site.
"Il convient donc que le chasseur porte toujours sur lui le(s) bracelet(s) qu’il a commandé(s) en accord avec le plan de chasse qui lui a été notifié par arrêté individuel d'attribution", écrit également la fédération.
Jusqu'à 4 ans de prison
L'enquête et les interpellations ont mobilisé une dizaine d'agents de l'OFB et une cinquantaine de gendarmes. Interpellés mardi, ces chasseurs encourent une peine de 4 ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende.
Au terme de gardes-à-vue qui ont duré 48 heures, les six hommes sont ressortis libres et attendent désormais leur convocation au tribunal.
L'OFB rappelle que les actes de braconnages de ce type "occasionnent des atteintes à la biodiversité en perturbant les espaces animales présentes et dégradent fortement leurs habitats et les espaces naturels".
Les agents de l'OFB sont notamment chargés de faire respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, mais aussi de contrôler les chasseurs et de lutter contre le trafic d'espèces protégées.